Le Guatemala, pays le plus peuplé d'Amérique centrale qui vote dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle, est miné par 36 années de guerre civile, le crime organisé, la corruption et la pauvreté.
- 36 ans de guerre civile -
Sous domination espagnole depuis 1524, le Guatemala devient indépendant en 1821. Dans la première moitié du XXe siècle, il connaît une succession de dictatures, avec de courts intermèdes de légitimité constitutionnelle. En 1954, le président Jacobo Arbenz, qui avait promulgué une réforme agraire prévoyant la nationalisation de la puissante société américaine United Fruit Corporation, est renversé par un coup d'Etat appuyé par la CIA.
Des mouvements de guérilla d'inspiration marxiste se forment au début des années 60, durement réprimés par l'armée qui favorise l'émergence de groupes paramilitaires d'extrême droite et pratique la politique de la terre brûlée.
La guerre civile dure 36 ans, jusqu'en 1996, faisant 200.000 morts et disparus (dont 83% appartenaient à des ethnies mayas) ainsi que 1,5 million de déplacés ou d'exilés, selon la Commission pour la vérité historique.
Le dictateur Efrain Rios Montt, au pouvoir en 1982-83, meurt en 2018 au moment où il était jugé pour génocide.
- La corruption, toujours -
Tous les candidats promettent de combattre la corruption qui gangrène le pays. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres.
Le mandat du conservateur Alejandro Giammattei, élu en 2019, a été émaillé de scandales de corruption, étouffés par les arrestations de procureurs anti-corruption, tandis que d'autres prenaient le chemin de l'exil.
Il a succédé à l'acteur comique Jimmy Morales qui, soupçonné de financement illégal de la campagne qui l'avait porté au pouvoir, a mis fin à une mission anticorruption de l'ONU qui réclamait la levée de son immunité. Il avait lui-même été élu après la démission de son prédécesseur impliqué dans une affaire retentissante de corruption.
M. Giammattei a écarté le retour de cette mission onusienne et le patron du journal El Periodico, José Ruben Zamora, qui avait publié de nombreuses enquêtes sur des affaires de corruption au sein du gouvernement a été condamné, à dix jours du 1er tour, à 6 années de prison.
Les poursuites contre les magistrats et le journaliste ont été lancées par la procureure générale Consuelo Porras, une proche du président Giammattei, elle-même inscrite par Washington sur une liste de personnalités corrompues.
- Fortes inégalités et violences -
La première économie d'Amérique centrale a enregistré une croissance de 4% en 2022, qui devrait décélérer à 3,2% cette année. Le Guatemala reste l'un des pays les plus inégalitaires du continent américain avec un taux de pauvreté de 59,3% (Banque mondiale).
Textile, café, canne à sucre, bananes et argent sont les principaux produits d'exportation. Les envois d'argent de l'étranger par ses ressortissants représentent 19% du PIB, contre 11% cinq ans plus tôt.
Le Guatemala est l'un des pays les plus de violents, avec un taux d'homicides de 17,3 pour 100.000 habitants fin 2022, selon l'ONU, attribués pour moitié aux gangs (maras) et au trafic de drogue transitant par son territoire.
La criminalité et la pauvreté alimentent une forte émigration vers les Etats-Unis. Plus de 2,8 millions de Guatémaltèques y résident, environ 400.000 bénéficient d'un statut légal.
- Volcans et "plus beau lac du monde" -
Le pays de 108.889 km2 abrite 17,7 millions d'habitants parlant, outre l'espagnol, 21 langues autochtones, principalement mayas.
Frontalier du Mexique, du Belize, du Honduras et du Salvador, il est situé sur la "Ceinture de feu du Pacifique", qui concentre environ 85% de l'activité sismique terrestre.
Le volcan de Fuego a connu en juin 2018 une violente éruption qui a fait 202 morts et 229 disparus.
Trois autres volcans entourent le lac Atitlan où ont été découverts plusieurs sites archéologiques, dont les restes de la cité de Samabaj, surnommée l'"Atlantide maya". Cette zone touristique est désormais asphyxiée par la pollution.
- Prix Nobel -
Deux Guatémaltèques se sont vu décerner le Prix Nobel : Littérature (1967) pour Miguel Angel Asturias, mort en 1974, et Paix (1992) pour la militante des droits indigènes Rigoberta Menchu.