23.02.10 - TPIR/KAREMERA - DEBAT SUR LA LEGITIMITE DE L'ENTRAINEMENT MILITAIRE DES JEUNES EN 1993

Arusha, 23 février 2010 (FH) -  Un bref débat sur la légitimité de dispenser un entraînement militaire à des jeunes rwandais une année avant le génocide de 1994 a opposé mardi un représentant du procureur et un témoin de la défense dans le procès groupé des trois anciens dirigeants du MRND Joseph Nzirorera, Mathieu Ngirumpatse et Edouard Karemera.

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François Karera, à l'époque des faits préfet de Kigali rural et poids lourd du MRND dans son entité administrative, condamné par le TPIR à la prison à vie, témoignait en faveur de Joseph Nzirorera, l'ex-secrétaire général du MRND.

En le contre-interrogeant, le Gambien Saidou N'Dow a sorti un document qui aurait été signé le 15 février 1993 par Mathieu Ngirumpatse, alors président du MRND pour la préfecture de Kigali rural, et qui allait devenir, 5 mois plus tard, le plus haut responsable national du parti.

« Vous prétendez que le MRND était un parti de paix et d'unité mais dans ce document, Ngirumpatse appelle à entraîner et armer secrètement les jeunes ?», a dénoncé le représentant du procureur.

« Quel pays au monde n'entraîne pas son armée secrètement ? Toutes les armées sont entraînées secrètement », a rétorqué Karera.

L'ex-préfet de Kigali rural a maintenu sa position en répondant ensuite à Me Frédéric Weyl, l'avocat français de Ngirumpatse. Dans ce procès groupé, les lignes de défense des avocats présentent en effet de nombreuses similitudes et il arrive que l'un ou l'autre des avocats de la défense interroge le client de l'un de ses confrères. Certaines allégations portées contre les trois anciens leaders du MRND portent sur leur responsabilité présumée dans le cadre de ce que le procureur appelle « une entreprise criminelle commune ».

Karera a expliqué que cet appel avait été lancé après une offensive de grande envergure lancée le 08 février 1993 par les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) aujourd'hui au pouvoir. « C'est le type de message que toute autorité patriotique écrirait en temps de guerre. Il n'y a pas d'ambiguïté dans ce document écrit en temps de guerre », a-t-il affirmé. « La lettre a été écrite dans ce contexte spécifique des attaques du FPR ».

Poursuivis pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, les trois anciens dignitaires clament leur innocence.

NI-ER/GF

© Agence Hirondelle