02.03.10 - RWANDA/FRANCE - AGATHE HABYARIMANA ARRETEE EN VERTU D'UN MANDAT D'ARRET EMIS PAR KIGALI

Paris, 2 mars 2010 (FH) - Agathe Kanziga, veuve du défunt président rwandais Juvénal Habyarimana, a été arrêtée mardi à Courcouronnes, dans l'Essonne (région parisienne), par la police française en vertu d'un mandat d'arrêt international émis par les autorités rwandaises.

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Kigali accuse Agathe Habyarimana d'avoir participé à la planification et à l'organisation du génocide de 1994, qui a fait, selon l'ONU, plus de 800 000 victimes, essentiellement tutsies.

Mme Habyarimana a été interpellée peu avant 8h00 à son domicile et se trouve depuis lors entre les mains de la police française.

Evacuée par les militaires français aux premiers jours du génocide, Agathe Habyarimana vit en France depuis 1998. Après cinq années de procédure, sa demande d'asile a été définitivement rejetée par le Conseil d'Etat en octobre 2009.

Outre le mandat d'arrêt rwandais, Mme Habyarimana est également visée par une plainte déposée en 2008 en France pour "complicité de génocide", mais elle n'a pas encore été entendue dans ce cadre par les juges d'instruction chargés du dossier.

Cette arrestation intervient cinq jours après le bref déplacement à Kigali de Nicolas Sarkozy, la première visite officielle d'un président français depuis le génocide. Après plusieurs années de brouille, les deux pays ont renoué leurs relations diplomatiques en novembre 2009. Dans un discours prononcé lors de sa visite, Nicolas Sarkozy avait dit vouloir que "tous les responsables du génocide soient retrouvés et soient punis (...) où qu'ils se trouvent". Sans nommer la veuve du chef de l'Etat rwandais, il avait cependant signalé que Paris "a refusé l'asile politique à une des personnes concernées" et qu'une procédure judiciaire était engagée à son encontre.

Interrogé par la BBC, Philippe Meilhac, l'avocat français de Mme Habyarimana, a estimé "que l'on ne pouvait pas ne pas établir de lien" entre cette visite et l'arrestation de sa cliente. "La demande d'extradition de Kigali date de novembre et a de toute évidence été réactivée", a-t-il commenté.

De leur côté, les autorités rwandaises ont salué  cette interpellation. Joint au téléphone par l'AFP, le ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama, a déclaré :"Je félicite la justice française. C'est toujours une très bonne chose lorsque le processus judiciaire est engagé (...) C'est un très bon signe, la justice française commence à s'occuper sérieusement des dossiers".

Il est trop tôt pour savoir si la justice française extradera Agathe Habyarimana. Récemment, des magistrats ont refusé l'extradition de trois suspects rwandais, estimant qu'un procès équitable ne pouvait leur être garanti dans leur pays d'origine. La France a en revanche déjà extradé des suspects pour les remettre au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), dont le siège est à Arusha.

GS/SC

© Agence Hirondelle