10.03.10 - TPIR/GATETE - GATETE N'ETAIT PAS PRESENT LORS DE L'ASSAUT CONTRE L'EGLISE DE KIZIGURO

Arusha, 10 mars 2010 (FH) -  Un ancien agent communal cité comme témoin devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) a déclaré mercredi que Jean-Baptiste Gatete, un ancien haut fonctionnaire, ne se trouvait pas à l'église de Kiziguro lorsqu'elle fut attaquée, le 11 avril 1994.

1 min 59Temps de lecture approximatif

Plusieurs Tutsis qui avaient cherché refuge dans cet édifice religieux ont été tués lorsqu'il a été pris d'assaut par des miliciens Interahamwe, des gendarmes et des soldats.

« Je n'ai pas vu Gatete (sur les lieux) ; si je l'avais vu, je lui aurais parlé », a affirmé ce témoin désigné par le nom de code LA 85 pour préserver son anonymat.

A cette époque, Gatete était directeur au ministère de la Famille et de la promotion féminine, un poste auquel il avait été nommé une année auparavant, après avoir dirigé d'une main de fer sa commune natale Murambi, qui abritait la paroisse de Kiziguro dans la préfecture de Byumba (nord- est).

Interrogé par la Française Marie Pierre Poulain, l'avocate principale de la défense, LA 85, qui travaillait alors au bureau communal de Murambi, a raconté dans le détail l'attaque de l'église, insistant sur le fait que Gatete ne s'y trouvait pas.

Sans avouer une quelconque responsabilité individuelle dans le massacre, il a indiqué que des femmes et des enfants avaient été tués dans le presbytère après avoir été sortis de l'église.

Contre-interrogé par la Sierra léonaise Adelaïde Whest, du bureau du procureur, il s'en est pris aux autorités locales, les accusant de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries.

« Nous avions l'impression que les autorités locales étaient possédées par le diable. Elles n'ont rien fait pour protéger la population », a relaté le témoin qui vit actuellement en exil dans un pays non précisé.

Le procès se poursuit jeudi.

Selon le procureur, même si l'accusé n'appartenait plus officiellement à l'administration locale pendant le génocide, il  continuait d'exercer son influence sur la police communale, les milices et les gendarmes, non seulement dans la préfecture de Byumba, mais aussi dans celle, voisine, de Kibungo (est).

Ce que nie Gatete, qui  a commencé sa défense la semaine dernière.

L'ancien haut fonctionnaire a été arrêté le 11 septembre 2002 au Congo-Brazzaville et transféré deux jours plus tard au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie.

Le procès a débuté le 20 octobre 2009 et le procureur a clos son accusation le 16 novembre après avoir cité 22 témoins.

NI/ER/GF

© Agence Hirondelle