Les restes de 30 victimes du génocide de Srebrenica ont été inhumés mardi, sur fond de commémoration par des milliers de personnes du massacre commis il y a 28 ans dans cette ville de Bosnie, tandis que l'accord historique qui mit fin à la guerre est sous pression.
Quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été sommairement exécutés à Srebrenica, alors décrétée enclave protégée par l'ONU, par les forces serbes de Bosnie qui venaient de s'en emparer, le 11 juillet 1995.
La Cour Internationale de justice a qualifié de génocide cette tuerie.
Une cérémonie religieuse a été organisée mardi au cimetière commémoratif de Potocari, à la sortie de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie.
Les restes de 30 personnes tuées au cours de cette tragédie y ont été mis en terre au milieu des milliers de pierres tombales blanches des autres victimes déjà inhumées les années précédentes.
La plupart des dépouilles des hommes et des garçons massacrés ont été retrouvées dans des fosses communes dans l'est de la Bosnie, où les auteurs de la tuerie les ont déplacées hors des lieux dans lesquels elles avaient été initialement inhumées pour dissimuler leurs crimes.
Bon nombre des 30 victimes enterrées mardi avaient été identifiées les années précédentes mais les familles ont choisi d'attendre que davantage de leurs restes soient récupérés.
"Maintenant, nous savons où se trouvent ses ossements (...) nous savons où nous irons prier", a déclaré un ancien habitant de Srebrenica, Nedzad Mehinovic, dont la dépouille du père, Idriz, figurait parmi celles qui ont été inhumées mardi.
Il a déclaré à l'AFP avoir également perdu dans ce massacre son grand-père, ses oncles, ses neveux et de nombreux autres parents proches.
- Tensions -
Lundi, le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie Christian Schmidt s'était engagé à "veiller à ce que des mesures juridiques soient prises contre tous ceux qui nient le génocide".
Le Haut représentant, qui a des pouvoirs discrétionnaires tels que celui de limoger des élus et d'imposer des lois, est chargé, entre autres, de superviser les aspects civils de l'accord de Dayton (Etats-Unis) ayant mis fin à la guerre interethnique de 1992-1995 qui a fait environ 100.000 morts.
Ses propos ont visé de manière à peine voilée le président de Republika Srpska (RS, entité serbe de Bosnie) Milorad Dodik, qui a refusé à plusieurs reprises de qualifier le massacre de génocide.
MM. Dodik et Schmidt sont enfermés dans une confrontation aux enjeux de plus en plus importants après que le dirigeant serbe de Bosnie a promulgué la semaine dernière des lois ciblant l'autorité du Haut représentant et de la Cour constitutionnelle dans la RS.
Ces mesures ont été rejetées par le Haut représentant et les puissances occidentales, Washington accusant M. Dodik de bafouer l'accord de Dayton.
Depuis la nomination en 2021 à ce poste de cet homme politique allemand, les dirigeants des Serbes de Bosnie, notamment Milorad Dodik, rejettent son autorité et affirment régulièrement qu'il s'agit d'un Haut représentant "illégal" ou "faux" car il n'a pas été approuvé par le Conseil de sécurité de l'ONU, comme ses prédécesseurs.