24.03.10 - RWANDA/GACACA - DEUX ANCIENS RESPONSABLES ADMINISTRATIFS CONDAMNES A LA PERPETUITE

Kigali, 24 mars 2010 (FH)- Deux anciens responsables administratifs de la ville de Kigali, Stanislas Mbonyimana et Madjaliwa Bizimana , qui étaient jugés en révision, ont été condamnés lundi à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur rôle dans le génocide de 1994.

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Mbonyimana dit Pepe Kale, du nom du célèbre musicien congolais, était conseiller du secteur Gitega, dans la capitale rwandaise. Hospitalisé en mars 1994, il fut temporairement remplacé par Bizimana jusqu'à la mi-mai 1994.

Devant un tribunal populaire gacaca de Kigali, Mbonyimana a été reconnu lundi coupable d'incitation au génocide, organisation et supervision du génocide, ainsi que de recrutement de miliciens Interahamwe.

Dans ce nouveau procès, il était jugé par contumace. Il s'est en effet enfui après son premier procès, au terme duquel il avait été condamné à 5 ans d'emprisonnement, une peine inférieure au temps qu'il venait de passer en détention préventive.

Libéré aussitôt après ce premier jugement, il avait regagné son quartier avant, selon des sources concordantes, de disparaître dans la nature après avoir appris que les plaignants avaient introduit un recours en révision.

Quant à Bizimana, c'est lui-même qui avait demandé la révision de son procès après avoir été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, la peine la plus lourde au Rwanda.

Lundi, il a une nouvelle fois été reconnu coupable d'incitation au génocide, organisation du génocide, détention et distribution illégales d'armes pendant la période où il remplaçait « Pepe Kale ». Le jury a donc maintenu la peine imposée au terme de la première procédure.

Ces anciens responsables administratifs étaient jugés avec deux citoyens ordinaires, Hamdani Kaneza et Emmanuel Harindintwali, qui affirmaient reconnaître leur responsabilité.

Après avoir jugé incomplets les aveux de Kaneza, le tribunal gacaca l'a condamné à 19 ans de prison ferme. Le « tueur de renom » Harindintwali, dont le plaidoyer de culpabilité a été accepté, s'est quant à lui vu infliger 24 ans de prison, dont 12 seront passés à exécuter des Travaux d'intérêt général (TIG) et 8 en sursis. Ce qui veut dire que la réclusion proprement dite ne sera que de 4 ans.

Inspirées des anciennes assemblées lors desquelles les sages du village tranchaient les différends, assis sur le gazon (gacaca, en langue rwandaise), les juridictions gacacas sont chargées de juger les auteurs présumés du génocide de 1994, à l'exception des « planificateurs» au niveau national.

Elles doivent clore leurs travaux à la fin du mois, selon les prévisions officielles

SRE/ER/GF

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