Président de l'Association des avocats de la défense au TPIR, le Professeur Erlinder, arrêté vendredi dernier, était arrivé au Rwanda pour participer à la défense de l'opposante rwandaise Victoire Ingabire accusée, elle-même, de négationnisme.
« A ce jour, il semble que le TPIR n'ait pas exprimé la moindre protestation à l'encontre de cette arrestation ni exigé la libération immédiate de cet avocat qui est pourtant inscrit sur sa liste et y représente un accusé », écrivent les deux avocats qui défendent Callixte Kalimanzira, un ancien haut fonctionnaire au ministère de l'Intérieur.
Ce dernier a été condamné à 30 ans de prison et l'audience d'appel est prévue le 14 juin.
« Ce silence accentue l'inquiétude des avocats de la défense (...) L'équipe de défense de Monsieur Kalimanzira estime ne plus pouvoir assurer sereinement et en toute sécurité sa mission devant le tribunal », poursuivent les deux défenseurs qui demandent le report sine die de l'audience d'appel du 14 juin.
« En effet, la loi rwandaise inclut dans la qualification d'idéologie génocidaire le fait de prêter son concours, y compris dans un cadre professionnel, aux personnes accusées de génocide. Dès lors, les conseils de Monsieur Kalimanzira ne peuvent en aucun cas s'exposer au risque de subir le même sort que Me Erlinder et/ou au risque de faire l'objet de poursuites ou de mandats d'arrêts de la part du gouvernement rwandais », indique cette requête.
« Tant que le TPIR n'aura pas réaffirmé avec force la liberté de parole dans le cadre de la mission des avocats et n'aura pas accompli les diligences nécessaires en ce sens, tant que les poursuites contre Me Erlinder à raison de l'exercice de sa fonction n'auront pas été abandonnées et celui-ci libéré, la défense de Monsieur Kalimanzira ne pourra pas assumer sa mission », ajoute le texte.
Les juges n'ont pas encore statué sur la requête.
ER/GF
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