Six anciens militaires et policiers bosniaques ont été inculpés lundi de crimes de guerre pour des exactions commises contre des détenus serbes, dont des femmes et des enfants, au début de la guerre des années 1990, a indiqué le Parquet.
Les suspects sont accusés d'avoir commis des "actes de torture, de traitement inhumain, de pillage, de sévices physiques et psychiques" et ceci "de façon systématique et en continuité", contre des civils serbes de la région de Visoko, précise le communiqué du Parquet.
Il s'agit de l'une des rares inculpations pour des crimes commis dans les camps de détention mis en place par des Bosniaques (musulmans) lors du conflit intercommunautaire qui a fait près de 100.000 morts de 1992 à 1995.
Parmi les six inculpés figure notamment Zijad Kadric, 72 ans, évoqué par le passé par des témoins serbes comme "le dirigeant" d'un camp mis en place par les autorités bosniaques dans une caserne à Visoko, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Sarajevo.
"Plusieurs centaines de civils" y ont été détenus entre mai et décembre 1992, détaille le Parquet. Parmi les détenus figuraient des hommes, des femmes, des enfants et des adolescents, ainsi que des vieillards.
"Des actes particulièrement humiliants contre des femmes et des personnes adolescentes" sont évoqués dans l'acte d'inculpation, selon le parquet.
"La torture des femmes (...) n'était pas très différente de celle des hommes" dans ce camp, dit-on dans un rapport publié en 2012 par le Centre de recherche sur des crimes de guerre de l'entité serbe de Bosnie, selon lequel au moins "huit femmes serbes y ont été violées", "dont une a succombé aux blessures".
Selon des associations de victimes serbes, près de 600 personnes, dont une quarantaine de femmes et une dizaine d'enfants ont été détenus à Visoko.
Quelque 90 témoins seront convoqués par le Parquet pour témoigner dans ce procès.
Plusieurs centaines de camps de détention avaient été mis en place pendant la guerre de Bosnie.
Les plus notoires se trouvaient dans la région de Prijedor (nord-ouest). Dans ces camps (Omarska, Keraterm et Trnopolje), connus comme "le triangle de l'horreur", plus de 6.000 personnes, essentiellement des Bosniaques, mais aussi des Croates, avaient été détenus entre avril et août 1992 par les forces serbes.
La semaine dernière, ce sont cinq anciens militaires serbes de Bosnie soupçonnés de participation au massacre de Srebrenica en 1995 qui ont été arrêtés.