09.07.10 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - LE PASTEUR JEAN- BOSCO UWINKINDI CLAME SON INNOCENCE

Arusha, 09 juillet 2010 (FH) - Le pasteur pentecôtiste Jean-Bosco Uwinkindi, arrêté le 30 juin en Ouganda et transféré deux jours plus tard au centre de détention du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a clamé son innocence lors de sa présentation vendredi devant un juge.

2 min 37Temps de lecture approximatif

« Je plaide non coupable, Monsieur le président », a-t-il répondu en kinyarwanda, à la lecture de chacun des chefs d'accusation portés contre lui.

Aujourd'hui âgé de 59 ans, l'homme d'église, qui ne comprend ni le français ni l'anglais, les deux langues officielles du tribunal, est inculpé d'entente en vue de commettre le génocide, génocide et extermination.

Le prêtre est né dans la préfecture de Kibuye (ouest) mais ses responsabilités pastorales l'avaient conduit au Bugesera (est), une région qui connaissait une des plus fortes concentrations de Tutsis.

C'est là qu'il aurait, selon l'accusation, profité de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 pour participer activement à l'élimination physique des Tutsis sans même épargner ceux, parmi lesquels des enfants et des femmes, qui avaient cherché refuge à son église de Kayenzi.

Toujours selon le procureur, les tueurs qui ont semé la mort dans cette région avaient élu leur domicile dans ce lieu de culte.

Grâce au concours d'Interpol, la police ougandaise a mis la main sur le pasteur alors qu'il venait d'entrer dans le pays en provenance de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

Selon certaines sources, il avait l'intention de s'établir en Ouganda, parce qu'il sentait que la cavale devenait de plus en plus difficile sur le territoire congolais qui, selon le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, abrite la plupart des 10 inculpés encore en fuite.

Il n'a pas eu plus de chance que le capitaine Ildephonse Nizeyimana, un proche de l'ex-président Juvénal Habyarimana, arrêté en octobre 2009 dans les mêmes conditions.

Après avoir franchi, sans encombre, la frontière entre la RDC et l'Ouganda, l'ex-commandant de l'Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare (sud) s'était accordé un repos à Kampala, en espérant reprendre le voyage, avec pour destination finale le Kenya. Mais il avait été réveillé par les forces de sécurité.

Avec l'ex-maire de Gisovu (ouest), Grégoire Ndahimana, arrêté en RDC en août 2009, ils forment le trio des accusés encore en attente de procès. La date de l'ouverture du procès de l'ancien responsable administratif a été fixée au 6 septembre.

Le dossier du pasteur risque de subir un cheminement similaire à celui de l'ex-maire. En effet, selon de bonnes sources au TPIR, le procureur voudrait profiter de cette prise pour tester une nouvelle fois le degré des confiances des juges du tribunal international dans le système judiciaire rwandais. Une requête en renvoi vers les tribunaux rwandais devrait être ainsi déposée en août ou en septembre.

Les juges du TPIR ont déjà rejeté 5 demandes du genre mais Jallow affirme que le Rwanda a procédé dernièrement aux ajustements nécessaires pour lever les inquiétudes qui avaient été émises par les juges, notamment au sujet de certains témoins de la défense.

Quant au capitaine, le magistrat l'a toujours présenté comme « un gros poisson » qui doit absolument être déféré devant le TPIR, auquel le Conseil de sécurité vient d'accorder une prorogation de mandat jusqu'au 31 décembre 2012 pour les procès en première instance.

ER/GF

© Agence Hirondelle