24.08.10 - TPIR/KAREMERA - L'EX-PRESIDENT DU MRND ENTAME SA DEFENSE

Arusha, 24 août 2010 (FH) - Mathieu Ngirumpatse, l'ancien président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti de feu le chef de l'Etat Juvénal Habyarimana a entamé mardi après-midi sa défense devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) siégeant à Arusha, en Tanzanie.

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Inculpés de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Ngirumpatse et son co-accusé, l'ancien vice-président du parti, Edouard Karemera qui a terminé sa défense, répondent surtout d'exactions commises en 1994 par des membres de leur parti, en particulier les jeunes.

Les avocats de Ngirumpatse qui avaient demandé le report de l'ouverture de la défense ont été contraints de passer à cette étape après avoir reçu la veille un avertissement de la chambre.

Dans leur longue déclaration liminaire, dont la première partie a été lue par l'avocate principale, Chantal Hounkpatin, ils ont clairement critiqué certaines décisions rendues par les juges tout au long de la procédure et se sont insurgés contre les sanctions frappant les équipes de défense.

Parlant de leur client, Maître Hounkpatin a dénoncé « des accusations fabriquées de toutes pièces, manipulées ou inspirées par la peur, la menace ou les promesses ».

L'avocate française a exhorté la chambre à dépasser « les idées reçues », à ne pas aller « dans le sens où le vent souffle ».

Prenant le relais, Frédéric Weyl, également français, a dressé le portrait d'un Ngirumpatse « notoirement connu et unanimement apprécié pour sa profonde humanité, son caractère conciliant et son amour du prochain ».

« Poète et musicien adulé, il est en particulier connu pour un poème à la louange de l'ancien évêque tutsi de Nyundo (nord) qu'il chante comme un modèle » pour la société, a affirmé le plaideur.

« La preuve de Mathieu Ngirumpatse s'ouvre par le constat de la faillite du procureur », a conclu Me Weyl.

Le premier témoin de la défense de l'ancien dirigeant est attendu à la barre mercredi.

Ngirumpatse entame sa défense près de deux mois après le décès de l'ancien secrétaire général du parti, Joseph Nzirorera qui était également poursuivi dans cette affaire.

Dans une décision verbale rendue lundi, la chambre, présidée par le juge Dennis Byron, a ordonné, malgré les protestations de la défense, la continuation de la procédure ainsi que le maintien des éléments de preuve versés depuis le début en septembre 2005.

Elle a par ailleurs ordonné au procureur de procéder à un nettoyage de l'acte d'accusation pour ne plus continuer à faire référence à Nzirorera comme accusé dans l'affaire.

En guise d'exécution de cette décision, l'Américain Don Webster, de l'équipe de la poursuite, a déposé un acte d'accusation dans lequel figure toujours le nom du décédé mais pas en tant qu'accusé.

Cela n'a pas du tout plu à la défense de Ngirumpatse qui a longuement plaidé mardi, avant de prononcer sa déclaration liminaire, le retrait de faits incriminant Nzirorera qui « n'est plus là pour s'en défendre ».

« C'est terrifiant pour nous. Les faits imputés à Nzirorera pourraient servir de support à une condamnation de  Mathieu Ngirumpatse par le biais de l'entreprise criminelle commune », une forme de responsabilité plaidée par le procureur dans ce procès, a argumenté Me Weyl, dans une longue plaidoirie plusieurs fois interrompue par le juge président.

L'équipe de la défense de Ngirumpatse a décidé de faire appel mais son recours n'est pas suspensif des débats.

ER/GF

 © Agence Hirondelle