L'église de Nyange est située dans l'ancienne commune de Kivumu que dirigeait l'ancien responsable administratif inculpé de génocide et extermination.
« Ndahimana a tiré à travers les portes et les fenêtres de l'église. Il visait les femmes qui étaient assises à l'intérieur de l'église. Je l'ai vu de mes propres yeux », a accusé le témoin CBR ainsi désigné pour préserver son anonymat.
Selon cette déposition, l'Inspecteur de police judiciaire de Kivumu, Fulgence Kayishema, a également ouvert le feu, suivant l'exemple du maire. Il est actuellement recherché par le TPIR.
D'autres notables de l'endroit, comme le vicaire de la paroisse, l'abbé Athanase Seromba ou l'homme d'affaires Gaspard Kanyarukiga, étaient également présents, toujours selon CBR.
Le témoin a indiqué qu'après la fusillade, Ndahimana et tout le groupe des notables présents s'étaient rendus au presbytère où Kanyarukiga aurait appelé à la démolition de l'édifice religieux. « Il faut détruire cette église, nous en construirons une autre en l'espace de trois jours », aurait déclaré l'homme d'affaires tout haut.
Au moment où le témoin portait cette grave allégation, Kanyarukiga venait, devant une autre chambre de première instance, d'être condamné à 30 ans de prison pour les mêmes faits.
Quant à l'abbé Seromba, il a déjà écopé de la perpétuité pour ce massacre de l'église de Nyange qui fit, selon plusieurs sources, près de 2.000 morts.
Après les propos incendiaires de l'homme d'affaires, Kayishema est sorti, selon le témoin CBR, pour ordonner à des conducteurs de bulldozers de se préparer à démolir l'église avec leurs engins.
Selon les souvenirs de CBR, la destruction a commencé vers la fin de la matinée et s'est poursuivie jusqu'en fin d'après-midi, tuant toutes les personnes à l'intérieur.
Le témoin a précisé que le recours au bulldozer faisait suite à une vaine tentative de brûler l'église la veille, avec de l'essence et de la dynamite.
CBR poursuivra sa déposition mardi.
Né en 1952, l'ex-maire a été arrêté le 10 août 2009 dans un camp de réfugiés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et transféré onze jours plus tard au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie. Son procès a démarré le 6 septembre.
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