16.11.2010 - TPIR/NGIRABATWARE - DEBUT DE LA DEFENSE D'UN GENDRE DE FELICIEN KABUGA

Arusha, 16 novembre 2010 (FH) -  La défense de l'ex-ministre du Plan Augustin Ngirabatware en procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) s'est ouverte mardi par une longue déclaration liminaire de son avocat, qui a demandé à la chambre d'avoir le courage de prononcer un verdict d'acquittement.

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Inculpé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité, Ngirabatware, un gendre de Félicien Kabuga, l'accusé le plus recherché par le TPIR, est notamment accusé d'avoir incité aux massacres de Tutsis à Nyamyumba (nord), sa commune natale.

« Je vous demande de conclure à l'innocence de mon client car c'est cela qu'il mérite. Le peuple du Rwanda a besoin de justice », a déclaré Me Peter Herbert.

« Augustin Ngirabatware ne craint pas les éléments de preuve, ne craint pas un procès équitable, ne craint pas ceux qui le poursuivent et comprend la nécessité pour les dirigeants de répondre de la souffrance de leur peuple », a concédé l'avocat britannique.

« Ce qu'il craint, c'est un tribunal qui plie sous la pression et qui pourrait avoir peur d'acquitter par crainte des répercussions politiques. C'est cela qu'il craint », a indiqué le plaideur dans sa déclaration de près d'une heure et demie.

Après avoir dénoncé une accusation basée sur « des dépositions contradictoires »  ou « délibérément » mensongères, il a promis de citer des témoins crédibles, dont des rescapés du génocide.

Me Herbert a insisté sur l'alibi de son client pour la période du 6 au 12 avril 1994. Selon le procureur, l'ex-ministre se serait rendu durant cette période au domicile de son père dans la commune Nyamwumba, pour superviser la distribution d'armes du génocide.

« Nous avons des témoins d'alibi très forts sur ce point », a affirmé le défenseur, trouvant, par ailleurs cette allégation « aussi ridicule que de suggérer que Tony Blair se soit rendu en personne en mission de bombardement de l'Irak ».

L'avocat n'a pas manqué de souligner la stature académique incontestée de son client.

« Par ses propres efforts, il s'est hissé au rang des plus brillants économistes du Rwanda ; il a beaucoup fait pour le Rwanda et faisait partie de la nouvelle génération de dirigeants africains qui voulaient participer à la politique pour ensuite laisser la place aux autres sans préalablement se remplir les poches », a déclaré Me Herbert.

La chambre a pris une heure et demie de repos avant de passer à l'audition du premier témoin à décharge qui est l'accusé en personne. La déposition de l'ex-ministre se poursuivra jeudi.

Docteur en économie de l'Université de Fribourg (Suisse), l'accusé a été, dans son pays, enseignant à l'Université Nationale du Rwanda (1986-1994), puis ministre du Plan (1990-1994). Après son départ en exil en juillet 1994, il a travaillé dans différents instituts de recherche au Gabon et en France.

Arrêté en Allemagne le 17 septembre 2007, l'ex-ministre se trouve entre les mains du TPIR depuis le 08 octobre 2008.

Le procès s'est ouvert le 22 septembre 2009 et l'accusation a été bouclée le 31 août au terme de l'audition du vingtième et dernier témoin à charge.

ER/GF

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