Israël favorable à une extension de la trêve à Gaza, discussions en cours

Israël a proposé lundi une prolongation de la trêve avec le Hamas si le mouvement islamiste palestinien continue de libérer des otages, à un moment où la pression internationale s'accentue pour obtenir une pause plus longue dans les combats à Gaza.

Cette trêve, qui s'achève mardi à 07H00 (05H00 GMT), a aussi permis l'entrée de centaines de camions chargés d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par sept semaines de bombardements israéliens en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Selon une source de sécurité égyptienne, les deux parties travaillent sur les modalités d'une prolongation. "Israël insiste pour renouveler la trêve jour après jour", alors que les pays médiateurs, Qatar, Etats-Unis et Egypte, proposent une pause de "plusieurs jours", a déclaré cette source lundi à l'AFP.

Le gouvernement israélien est soumis à d'intenses pressions pour prolonger la trêve et permettre ainsi la libération d'un plus grand nombre d'otages, réclamée avec force par une opinion publique traumatisée par l'attaque du Hamas.

Après le président américain Joe Biden, l'Union européenne et l'Otan ont appelé lundi à une extension de la trêve.

Un répit supplémentaire permettrait "de fournir davantage d'aide aux populations qui en ont grand besoin et d'obtenir la libération d'autres otages", a souligné le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Israël a proposé lundi au Hamas une "option" pour prolonger la trêve et "recevoir 50 otages supplémentaires", selon un porte-parole du gouvernement.

Dimanche soir, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, avait affirmé "chercher à prolonger la trêve, afin "d'augmenter le nombre de prisonniers libérés". Une source proche du Hamas a précisé à l'AFP que le mouvement palestinien était favorable à une prolongation de "deux à quatre jours".

L'accord initial prévoit quatre jours de trêve, l'entrée d'aide humanitaire à Gaza depuis l'Egypte, ainsi que la libération de 50 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre et de 150 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes.

Israël a affirmé qu'au-delà des quatre jours, la libération de "dix otages supplémentaires" - contre 30 prisonniers - conduirait à "une journée supplémentaire de pause".

- "D'autres otages relâchés" -

"Des dispositions prévoient la libération de dix otages de plus chaque jour et c'est une bénédiction", a déclaré dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après un entretien avec Joe Biden.

"Mais j'ai aussi dit au président que nous allons, après l'accord, retourner à notre objectif: éliminer le Hamas et nous assurer que la bande de Gaza ne soit plus ce qu'elle était", a ajouté M. Netanyahu, qui doit demander lundi au gouvernement un budget "de guerre" de 30 milliards de shekels (7,3 milliards d'euros).

Le président américain a affirmé dimanche que son objectif était "de faire en sorte que cette pause se poursuive (...) afin que nous puissions voir d'autres otages relâchés et plus d'aide humanitaire" acheminée dans la bande de Gaza.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a de son côté réclamé lundi une trêve "durable" en vue de travailler sur une "solution politique" au conflit.

Alors que de nouvelles libérations d'otages et de prisonniers sont attendues lundi, une source proche des discussions au Qatar a fait état d'"un léger problème avec les listes" d'Israël et du Hamas. "Les Qataris travaillent avec les deux côtés pour le résoudre et éviter les retards", selon cette source.

Depuis vendredi, 39 otages israéliens ont été libérés dans le cadre de l'accord, ainsi que 117 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, selon un ratio d'un otage pour trois prisonniers.

En outre, 19 otages ont été libérés hors accord, en majorité des Thaïlandais qui travaillaient en Israël.

Parmi les otages libérés dimanche figure une fillette de quatre ans possédant la nationalité américaine, prénommée Abigail.

Selon un haut responsable américain, sa mère a été assassinée sous ses yeux lors de l'attaque du Hamas. Son père a essayé de la protéger avant d'être tué à son tour. Abigail s'est ensuite enfuie chez des voisins, où elle a été prise en otage.

Abigail "n'a plus de parents, mais elle a tout un pays qui la serre dans ses bras. Nous allons prendre bien soin d'elle", a promis Benjamin Netanyahu.

- "Triste et heureux" -

Une soldate israélienne, libérée par l'armée des mains du Hamas fin octobre, s'est réjouie lundi de la libération d'otages, dans ses premiers propos publics depuis sa libération.

Ori Megidish, 19 ans, était en faction à la frontière ultra-militarisée entre Israël et la bande de Gaza quand elle a été capturée le 7 octobre. Dans une vidéo publiée sur son compte Tiktok, elle dit "aller bien" et être "heureuse de voir les images émouvantes d'otages retrouvant leurs familles".

Selon les autorités israéliennes, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées lors de l'attaque lancée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis la bande de Gaza. L'armée a estimé à 240 le nombre total d'otages enlevés le 7 octobre.

En représailles, Israël a promis d'"éliminer" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre, jusqu'à la trêve.

Dans la bande de Gaza, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées par les frappes israéliennes, selon le gouvernement du Hamas.

En Cisjordanie occupée, des foules brandissant des drapeaux palestiniens, du Hamas et d'autres groupes palestiniens ont accueilli dimanche les prisonniers libérés.

"Je suis triste pour nos martyrs et heureux de la victoire obtenue par notre résistance", a déclaré à Beitunia Yazan Sabah, un jeune prisonnier libéré.

- "Aucun carburant" -

Depuis vendredi, plusieurs centaines de camions chargés d'aide ont pu entrer dans la bande de Gaza, via l'Egypte, et une partie d'entre eux ont gagné le nord, la partie du territoire la plus dévastée.

Si la trêve a offert un répit à la population, les besoins sont "sans précédent" dans le territoire, où "200 camions par jour pendant au moins deux mois" seraient nécessaires, a estimé dimanche l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Aucun carburant n'a été amené dans les hôpitaux de la ville de Gaza et du nord de la bande de Gaza depuis le début de la trêve", a affirmé lundi le directeur général du ministère de la Santé du Hamas, Mounir al-Bourch.

Plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l'ONU, et 1,7 million des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés.

Lundi, deux experts de l'ONU ont demandé l'ouverture d'enquêtes indépendantes "rapides, transparentes et indépendantes", sur les "allégations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité" par toutes les parties depuis le 7 octobre.

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