Le tribunal spécial pour le Kosovo à La Haye (Pays-Bas) a réduit jeudi en appel la peine de prison d'un ancien commandant rebelle mais l'a confirmé coupable des crimes de guerre de meurtre, torture et détention arbitraire.
La chambre d'appel a imposé à Salih Mustafa, premier condamné pour crimes de guerre de la juridiction, une peine de "22 ans de prison avec crédit pour le temps purgé" a déclaré la juge présidente Michèle Picard.
Elle a également souligné que "cette réduction de peine (...) ne suggère en aucun cas que les crimes pour lesquels il a été reconnu coupable et condamné ne sont pas graves".
La magistrate a confirmé la culpabilité de M. Mustafa pour les crimes de meurtre, torture et détention arbitraire dans une prison de fortune où il a, avec ses hommes, brutalement agressé des compatriotes albanais qu'ils accusaient d'espionnage pour le compte des forces serbes.
L'ancien commandant rebelle avait l'année dernière été condamné à une peine de 26 ans de prison pour les mêmes crimes.
M. Mustafa, 51 ans, était à la tête d'une unité de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), qui a mené la guerre d'indépendance contre la Serbie en 1998 et 1999.
Cette unité a, dans la région de Zllash, à l'est de la capitale Pristina, détenu au moins six personnes "dans des granges pour animaux, dans des conditions déplorables au milieu d'excréments de bétail", avait jugé le tribunal l'année dernière.
Les prisonniers n'avaient d'autre choix que de dormir dans des flaques d'eau, et ont été privés d'eau et de nourriture, selon les juges.
Le tribunal spécial pour le Kosovo (KSC) est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux.
Financé par l'Union européenne, il siège aux Pays-Bas pour protéger les témoins soumis à des pressions et des menaces, étant donné que les anciens commandants de l'UCK dominent toujours la vie politique au Kosovo.
Le verdict avait été qualifiée d'"étape importante" pour le tribunal, créé en 2015, en tant que premier jugement pour crimes de guerre de cette juridiction.
La guerre du Kosovo, qui a fait 13.000 morts, a pris fin lorsque les forces du président serbe Slobodan Milosevic se sont retirées après une campagne de bombardements de l'Otan de onze semaines.
Bien que le Kosovo ait déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, Belgrade ne la reconnaît pas et encourage la majorité serbe du Nord du pays à défier l'autorité de Pristina.

