Luis Moreno Ocampo entend conduire deux procès, regroupant chacun trois accusés. Le premier viserait trois responsables du gouvernement d'alors dont Uhuru Kenyatta, actuel vice-premier ministre et ministre des Finances, ainsi que l'ancien chef de la police, le général Hussein Ali et Francis Muthaura, le président du Comité pour la Sécurité nationale.
Dans le second procès, le procureur vise les responsables du Mouvement démocratique orange (ODM), l'un des principaux partis politiques au Kenya. Le ministre de l'Enseignement supérieur, William Ruto, actuellement suspendu pour une affaire de corruption est visé, ainsi qu'Henry Kiprono Kosgey, ministre de l'Industrialisation et Joshua Arap Sang, un journaliste de la radio locale Kass FM. Selon le procureur, les trois hommes ont planifié les violences survenues notamment dans la vallée du Rift.
Au cours d'une conférence de presse organisée à la Cour, mercredi matin, Luis Moreno Ocampo a mis en garde les six hommes contre toute entrave à la justice. Pour l'instant, le procureur ne demande que des citations à comparaître. « Ils sont encore innocents », a-t-il dit, « mais s'il le faut, nous lancerons un mandat d'arrêt contre eux ». Si les juges confirment la demande de Luis Moreno Ocampo, les six hommes pourront alors comparaître librement en l'attente de leur procès, qui ne commencera pas avant plusieurs mois.
L'enquête avait été ouverte en mars 2010. Pour la première fois, Luis Moreno Ocampo avait décidé de se saisir proprio mutu, après l'échec du gouvernement kenyan à former un tribunal spécial chargé de poursuivre les responsables des violences. Le médiateur de la crise, l'ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait appelé de ses vœux la mise sur pied d'un tel tribunal, puis faute d'accord, avait incité le procureur de la CPI à s'emparer de l'affaire.
Le projet de création d'un tribunal est de nouveau sur la table du gouvernement kenyan, depuis mardi. Une façon de se prémunir éventuellement des initiatives du procureur, qui ne peut poursuivre les auteurs de crimes de masse que si le pays n'en a pas les moyens ou la volonté politique.
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