Pendant des tractations pour une trêve, Israël poursuit ses bombardements à Gaza

Israël a poursuivi ses bombardements jeudi sur la bande de Gaza, frappant notamment un point de passage dans le sud du territoire palestinien, sur fond de tractations pour obtenir une trêve dans le conflit l'opposant au Hamas et permettre l'acheminement de davantage d'aide humanitaire.

Selon le gouvernement du mouvement palestinien Hamas, des avions israéliens ont frappé le point de passage de Karam Abou Salem (Kerem Shalom, côté israélien en hébreu) entre Israël et la bande de Gaza, tuant quatre personnes, dont son directeur Bassem Ghaben. Sollicités par l'AFP, les autorités israéliennes n'ont pas réagi dans l'immédiat.

Israël avait approuvé le 15 décembre l'acheminement "temporaire" de l'aide à Gaza à travers ce poste frontière, ouvrant ainsi une nouvelle route d'approvisionnement s'ajoutant à la principale, le point de passage de Rafah, dans le sud, entre l'Egypte et Gaza.

Israël a promis de détruire le Hamas, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, en représailles à l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste sur son sol, qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Environ 250 personnes avaient en outre été prises en otage, dont 129 sont toujours détenues à Gaza, selon Israël.

Le gouvernement du Hamas a de son côté annoncé mercredi que les opérations militaires israéliennes avaient fait 20.000 morts à Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes, un bilan qualifié de "jalon dramatique et honteux" par le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths.

- Tir de roquettes -

Sur le terrain, l'armée israélienne, qui a perdu 137 hommes depuis le début de ses opérations au sol le 27 octobre, a assuré jeudi que son aviation avait frappé 230 cibles dans Gaza au cours des dernières 24 heures dans le territoire palestinien.

Au sol, ses soldats ont découvert des armes dans une école de la ville de Gaza, a aussi indiqué l'armée israélienne, qui accuse régulièrement le Hamas de se servir des civils comme de "boucliers humains" et de cacher ses combattants ou ses centres de commandement dans des écoles ou des hôpitaux, ce que le mouvement islamiste palestinien dément.

Un tir de roquettes, qualifié par le Hamas de "réponse aux massacres israéliens de civils", a par ailleurs entraîné jeudi le déclenchement de sirènes dans le sud d'Israël et à Tel-Aviv. Dans cette dernière ville, la police a annoncé avoir récupéré des débris de ces roquettes, mais n'a pas fait état de victimes.

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a de son côté réclamé l'ouverture d'une enquête par Israël sur "la possible commission d'un crime de guerre" par ses forces armées à Gaza, disant avoir reçu des "informations inquiétantes" concernant la mort de "11 hommes palestiniens non armés" dans la ville de Gaza, des accusations qualifiées de "diffamation" par un responsable israélien parlant sous couvert d'anonymat.

- "Ils doivent tous rentrer" -

Sur le plan diplomatique, des efforts se poursuivent sur plusieurs fronts pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve.

Une première pause d'une semaine fin novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement d'aide dans le territoire palestinien soumis à une crise humanitaire catastrophique.

Ofir Engel, 18 ans, lui-même un ancien otage libéré pendant cette trêve, participait mercredi à une cérémonie avec des proches et des familles d'otages dans le kibboutz Beeri, lieu de son enlèvement lors des attaques du 7 octobre.

"L'un des moments les plus difficiles a été celui où les terroristes nous ont plongés dans l'obscurité totale, avec des bombes tombant sans cesse tout autour de nous", a-t-il déclaré. "J'étais là-bas et à chaque instant où les otages sont là-bas, ils sont en danger. (...) Ils doivent tous rentrer chez eux, maintenant."

Dans le cadre des tractations en cours, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh s'est rendu au Caire mercredi et Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique, un autre mouvement islamiste qui combat au côté du Hamas et détient des otages, devrait s'y rendre aussi la semaine prochaine.

En parallèle, Israël dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis pour tenter de parvenir à une trêve permettant une libération d'otages.

Mais les positions des deux camps restent encore très éloignées: le Hamas exige un arrêt complet des combats comme préalable à toute négociation sur le sort des otages, et Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza.

- "Humiliation" -

D'âpres négociations doivent également se poursuivre jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU, qui reporte depuis le début de la semaine un vote sur une résolution destinée à accélérer l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, mais susceptible d'essuyer un nouveau veto américain si elle utilise des termes trop forts.

Les services des Nations unies continuent eux d'alerter sur la profonde crise humanitaire qui secoue Gaza. La moitié de la population y souffre de faim extrême ou sévère, et 90% est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière, selon l'agence des Nations unies chargée de la coordination humanitaire (OCHA).

La guerre a provoqué d'immenses destructions dans le territoire, la plupart des hôpitaux sont hors service et 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, selon l'ONU, ont fui leur foyer.

"Après trois jours (de guerre, ndlr), les bombardements ont commencé à côté de chez nous et notre maison a été endommagée. Nous avons dû partir pour trouver un endroit sûr", explique à l'AFPTV Fouad Ibrahim Wadi, qui réside désormais avec sa famille dans une serre aménagée pour accueillir des déplacés à Rafah.

"Nous sommes allés à Khan Younès, après quoi nous avons reçu l'ordre d'évacuer. Nous nous sommes retrouvés à l'hôpital européen et, jour après jour, les frappes se sont poursuivies sans relâche. Nous ne savions pas où nous asseoir ni où dormir, alors nous sommes venus à Rafah", poursuit-il, appelant à "mettre fin à cette humiliation".

La situation à Gaza attise également les tensions dans la région, notamment en Cisjordanie occupée, à la frontière libano-israélienne, ou en mer Rouge, où les rebelles yéménites Houthis menacent les navires qu'ils estiment liés à Israël.

Jeudi matin, l'Agence nationale d'information libanaise a déclaré qu'une octogénaire avait été tuée et son mari blessé dans un bombardement israélien sur un village frontalier du sud du Liban, d'où le Hezbollah, allié du Hamas, a lancé plusieurs attaques au cours de la nuit sur Israël.

bur-mdm/vl

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