17.01.11 - TPIR/NIZEYIMANA - LE PROCES DU CAPITAINE ILDEPHONSE NIZEYIMANA A DEMARRE

Arusha, 17 janvier 2010 (FH) - Le procès du capitaine Ildephonse Nizeyimana, accusé de crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, a démarré lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a constaté l'agence Hirondelle.

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Présenté par le procureur comme un proche de l'ex-président Juvénal Habyarimana, le capitaine, 48 ans, était commandant en second de l'Ecole des sous-officiers (ESO) de Butare (sud) au moment des faits.

« Il y a une multitude de cas où le capitaine Nizeyimana a ordonné à ceux qui étaient sous son influence d'attaquer, tuer et violer des civils identifiés comme Tutsis », a affirmé dans sa déclaration liminaire, Drew White du bureau du procureur.

M. White a précisé que les crimes imputés à l'officier avaient été commis dans la préfecture de Butare en avril et mai 1994.

Il a annoncé qu'il citerait, entre autres témoins, des victimes et d'anciens collègues de l'accusé.

Parmi les victimes, le témoin ZAR « qui était une domestique à la maison de la reine Rosalie Gicanda, décrira comment 10 soldats sont arrivés à bord d'un véhicule, ont communiqué par radio et ont enlevé la famille de Gicanda », a déclaré le représentant du procureur.

Un autre témoin attendu, ZAP, «  faisait partie de cette famille, en tant que petite-fille de la Reine Rosalie Gicanda. Elle aussi décrit comment les soldats sont arrivés au domicile de Gicanda, enlevé la famille au bout du canon, conduit la famille d'abord à l'ESO et puis vers un endroit rural où ils ont ordonné à tout le monde de sortir du véhicule », a poursuivi M.White.   

« Au moment où le groupe priait, les soldats les ont abattus. ZAP a constaté que la vieille reine Rosalie Gicanda avait été abattue. Zap elle-même a été blessée mais a pu survivre », a dit le magistrat canadien, résumant les propos de son témoin.

Rosalie Gicanda est la veuve de l'avant-dernier roi du Rwanda,  Charles-Léon-Pierre Mutara III Rudahigwa.

La reine Gicanda était une figure hautement symbolique pour l'ethnie tutsie, dont venaient les monarques rwandais.

Selon le procureur, les ordres de Nizeyimana étaient bien exécutés parce qu'en tant qu'officier natif de Gisenyi (nord), la préfecture d'origine du président Habyarimana, il avait des pouvoirs qui dépassaient de loin son rang au sein de l'armée.

« Il exerçait un pouvoir, une autorité et une influence importantes au sein de tous les soldats des FAR, des Interahamwe et d'autres milices et civils armés dans la région, au-delà de son grade militaire officiel », a expliqué l'avocat général principal.

Intervenant en second, le conseil principal du capitaine, John Philpot, a nié toutes ces accusations.

« Nous réfuterons toutes les allégations factuelles contre notre client », a réagi l'avocat canadien, soulignant que « l'accusé n'était pas très connu à Butare ».

Nizeyimana, qui clame son innocence, a été arrêté le 5 octobre 2009 à Kampala, en Ouganda, et transféré le lendemain au centre de détention du TPIR à Arusha (Tanzanie).

ER/GF

© Agence Hirondelle