Au terme de la lecture des charges, Callixte Mbarushimana a déclaré « n'avoir été en rien impliqué dans tout ce qui vient d'être dit », avant de s'« incliner devant la mémoire de tous ceux et de toutes celles qui ont été victimes de la barbarie humaine en République démocratique du Congo ». Debout face aux trois juges, il a ajouté qu'il condamnait « la guerre qui ravage l'est de la RDC ainsi que l'apologie de l'usage de la force militaire à des fins politiques ».
Selon le procureur, Callixte Mbarushimana a participé à un « plan criminel commun », avec le chef militaire des FDLR, le général Sylvestre Mudacumura et le président du mouvement, Ignace Murwanashyaka, arrêté en Allemagne en novembre 2009. Le plan de la milice, composée en partie de hutus extrémistes rwandais réfugiés au Congo voisin, « visait à persuader les gouvernements de la RDC et du Rwanda, ainsi que la communauté internationale, que les FDLR ne pouvaient pas être vaincues militairement, et à les forcer à concéder aux FDLR un pouvoir politique pour que celles-ci mettent fin aux atrocités contre les civils ».
Selon Luis Moreno Ocampo, pour mettre en œuvre ce plan, les FDLR ont créé une « catastrophe humanitaire » dans le Kivu, et mené « une campagne internationale », conduite par Callixte Mbarushimana depuis la France, où il est réfugié depuis 2002. Le procureur lui reproche d'avoir diffusé des communiqués de presse et donné des entretiens aux médias congolais et internationaux, dans lesquels il niait les crimes ou les attribuait aux forces armées congolaises et rwandaises. Il aurait annoncé que « les FDLR libèreraient le peuple rwandais du joug du régime fasciste ».
Si les juges ont validé le mandat d'arrêt du procureur, ils ont cependant estimé que Callixte Mbarushimana ne pouvait pas être considéré comme coauteur des crimes, parce que les preuves ne montrent pas « que sa contribution était essentielle » dans la perpétration des crimes et qu' « il ne détenait pas le pouvoir, en n'accomplissant pas ses tâches, d'empêcher la commission de ces crimes ». Devant la CPI, le Secrétaire exécutif des FDLR n'est encore que suspect. L'audience de confirmation des charges commencera le 4 juillet prochain. Réaffirmant sa volonté de coopérer avec la Cour, comme il en avait informé le procureur peu avant son arrestation en France, le 11 octobre 2010, il a demandé sa remise en libération provisoire.
Callixte Mbarushimana fait aussi l'objet d'une mise en examen en France, depuis le 21 décembre 2010, pour sa participation présumée dans le génocide rwandais de 1994. Il avait été arrêté à deux reprises, pour les mêmes faits, en Allemagne et au Kosovo, puis relâché, fautes de preuves. Le procureur du TPIR avait lui aussi estimé ne pas disposer de preuves suffisantes pour l'inculper.
SM/ ER/GF
© Agence Hirondelle