01.02.11 - TPIR/KAREMERA - L'EX-PRESIDENT DU MRND NIE TOUT CONTROLE SUR LA JEUNESSE DU PARTI

Arusha, 2 février 2011 (FH) - Au deuxième jour de son contre-interrogatoire par le procureur, l'ex-président du MRND, Matthieu Ngirumpatse en procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), a nié mardi avoir jamais exercé un pouvoir de contrôle sur les jeunes de son parti, les Interahamwe.

1 min 55Temps de lecture approximatif

« J'avais des attributions précises en tant que chef du parti, mais pas de pouvoirs étatiques, ou de contrainte. Aucun chef de parti n'a de pouvoirs sur les militants, sauf dans un système de parti-Etat », a-t-il répondu à Don Webster, avocat général principal.

Le juriste américain voulait notamment savoir quelle avait été la réaction de l'accusé lorsque la mission de l'ONU au Rwanda (MINUAR) lui avait fait part de sa préoccupation suite aux actes de violences perpétrés par des jeunes du MRND.

« Vous essayez de mettre sur mon dos des attributions que je n'avais pas. Je conteste la thèse selon laquelle la direction d'un parti a un rôle de maintien de l'ordre », a poursuivi l'ancien dirigeant aujourd'hui accusé de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité.

Ce débat se trouve au cœur de ce procès, dans lequel Ngirumpatse est jugé avec l'ancien vice-président du MRND Edouard Karemera, car les deux hommes ont à répondre notamment des crimes commis en 1994 par des membres de leur parti, en particulier les jeunes.

Le représentant du procureur lui a rappelé que certains anciens Interahamwe ayant témoigné pour l'accusation avaient affirmé qu'ils ne pouvaient rien faire sans l'accord de la direction du parti.

« C'étaient vos témoins ; ils avaient des raisons de dire cela : de l'argent, des réductions de peine au Rwanda ou l'immunité (...) Lorsqu'il s'agit de délits, de crimes, c'est à l'Etat d'agir », a déclaré l'ex-président du MRND.

Il a reconnu que la direction du parti pouvait blâmer un membre fautif ou, dans le cas extrême, l'exclure de la formation politique, pas plus.

« D'ailleurs, même quand nous tenions un meeting, la gendarmerie était présente », a-t-il argumenté, en guise d'appui à sa défense selon laquelle il ne contrôlait pas les membres du parti.

Le procureur lui a alors demandé pourquoi les responsables du MRND n'avaient pas exclu de leur parti un Interahamwe de Kigali, Setiba, qui s'était illustré pendant le génocide.

« C'est une blague ! Après le 6 avril 1994 ! C'est se moquer de la population rwandaise ! Alors que tout le monde était en train de courir ! », s'est indigné Ngirumpatse dont l'audition se poursuivra mercredi.

ER/GF

© Agence Hirondelle