04.02.11 - CPI/BEMBA - UNE FEMME AFFIRME AVOIR ETE VIOLEE A 11 ANS PAR DES HOMMES DE BEMBA

La Haye, le 4 février 2011 (FH) - Le témoin avait 11 ans au moment des faits. Protégée par la Cour, elle a déposé sous pseudonyme contre Jean-Pierre Bemba, de mardi à vendredi, accusant les hommes du chef rebelle de viols répétés.

2 min 8Temps de lecture approximatif

« J'étais encore vierge, et ils m'ont dépucelée » a-t-elle raconté aux trois juges, trois femmes. « L'un s'est saisi de moi, l'autre a engagé une balle dans son arme et ils m'ont courbée, pour me dépuceler (...) Le premier a d'abord couché avec moi et le deuxième est venu après ». « Avez-vous essayé de résister ? » a demandé le substitut du procureur, Thomas Bifwoli. « Quand ils m'ont attrapé, je criais et cela a alerté mon père. Mon père voulait intervenir et ils ont braqué leurs armes contre lui. Par la suite, cinq autres personnes sont arrivées et c'est à ce moment là qu'ils m'ont saisie et m'ont dépucelée ».

Le même jour d'octobre 2002, toujours selon le témoignage, les « Banyamulenge », les hommes de Bemba, violent aussi ses sœurs aînées, sa grand-mère, et « fracassent la tête » de son frère. « Depuis les sévices (...) et bien que je porte un bébé, tout le monde continue à se moquer de moi ».

Le contre-interrogatoire du témoin par maître Aimé Kilolo, l'un des avocats de Jean-Pierre Bemba, a été tendu. A plusieurs reprises, le procureur Petra Knauer a objecté, reprochant aux avocats d'émettre des opinions. La présidente de la chambre, le juge Steiner, a demandé à l'avocat de ne pas oublier l'âge de la victime à l'époque des faits.

L'avocat principal de l'accusé, maître Nkwebe Liriss a reconnu qu' « il y a un témoin vulnérable (...) Mais c'est un témoin qui accuse une personne des crimes les plus abominables et l'accusé risque de passer le reste de sa vie en prison ». La défense a tenté de montrer les liens entre les associations de victimes et l'ancien rebelle, devenu chef d'Etat, François Bozize.

Le témoin précédent avait aussi témoigné, entre le 26 janvier et le 1er février, des viols commis par les miliciens congolais de Jean-Pierre Bemba, envoyés en Centrafrique à la demande du président d'alors, Ange Félix Patassé, qui tentait de lutter contre la rébellion fomentée par le général François Bozize. Elle a confirmé la venue de Jean-Pierre Bemba en Centrafrique, en novembre 2002.

Après plus de deux mois de procès, le sénateur congolais, poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique, en 2002 et 2003, accuse une certaine fatigue, ont signalé ses avocats.  

SM/ER/GF

© Agence Hirondelle