Au cours d'une conférence de presse organisée jeudi 3 mars au siège de la Cour à La Haye, aux Pays-Bas, Luis Moreno-Ocampo, a estimé que « des manifestants pacifiques auraient été attaqués par des forces de sécurité » depuis le 15 février. Il a affirmé que « Mouammar al Kadhafi et son cercle rapproché, y compris ses fils », qui exercent une « autorité de facto », sont les responsables présumés des crimes allégués.
Puis le procureur a cité les noms de plusieurs responsables des institutions du pays, qui disposent « d'une autorité formelle », parmi lesquels le ministre des Affaires étrangères, le chef de la sécurité et du renseignement militaire, le chef de la sécurité personnelle de Mouammar Kadhafi, et le chef de la sécurité intérieure. En les citant, Luis Moreno Ocampo espère les dissuader de commettre de nouveaux crimes, alors que Mouammar Kadhafi menace de plonger le pays dans un bain de sang.
« Si les forces dont ils ont le contrôle et le commandement commettaient des crimes, ils pourraient eux aussi être responsable pénalement » a-t-il déclaré devant un parterre de journalistes, de diplomates et de militants d'ONG. Il a aussi alerté les opposants au régime, qui pourraient également être visés s'ils « commettent des crimes. »
Interrogé par un journaliste de la chaîne Al-Arabiya, Luis Moreno Ocampo a jugé « prématuré de se demander aujourd'hui comment nous allons les arrêter ». Mais pour le procureur, dont le mandat à la Cour prendra fin en juin 2012, « la bonne nouvelle c'est que le monde réagit rapidement, et que la CPI est présente ».
Luis Moreno Ocampo n'a pu ouvrir cette enquête qu'après avoir été saisi par le Conseil de sécurité, car la Libye n'est pas partie au traité établissant la Cour et ne la reconnaît pas. Dans la résolution 1970, adoptée à l'unanimité le 26 février, les Etats ont cependant émis plusieurs réserves destinées à protéger les ressortissants d'Etats non parties de toutes poursuites de la Cour si au cours d'une intervention, militaire ou civile, des bavures étaient commises.
Malgré le soutien affiché de la communauté internationale, l'enquête prendra plusieurs semaines avant d'aboutir à l'émission de mandats d'arrêt. Luis Moreno Ocampo a, au cours des derniers jours, appelés les Etats et les organisations à coopérer avec son bureau, notamment la Ligue arabe, l'Union africaine et le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, qui ont d'ores et déjà annoncé qu'ils lanceraient leurs propres enquêtes.
SM/GF
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