28.03.11 - RWANDA/JUSTICE - UN RICHE HOMME D'AFFAIRES RENVOYE DEVANT LA JUSTICE POUR GENOCIDE

Kigali, 28 mars 2011 (FH) - Un célèbre homme d'affaires du sud du Rwanda, Isaac Munyagasheke, 82 ans, sera jugé à partir du 5 avril prochain devant un tribunal classique de son pays, pour son rôle présumé dans le génocide des Tutsis de 1994, apprend-on lundi.

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Une des plus grosses fortunes de la cité universitaire de Butare en 1994, Munyagasheke est accusé d'avoir participé, aux côtés de hauts responsables civils et militaires, à la planification des massacres de Tutsis dans cette ville du sud du Rwanda.

En particulier, Munyagasheke est accusé d'avoir déployé des jeunes pour piller les biens des commerçants d'ethnie tutsie de Butare. Le procureur lui reproche également d'avoir distribué des machettes aux miliciens, et transformé son domicile en quartier général des auteurs de viols et autres sévices sexuels.

Au lendemain du génocide, il s'était réfugié au Kenya. Rentré au Rwanda, il a été arrêté en février 2010, puis jugé et condamné à la prison à vie par un tribunal populaire gacaca de Butare. Après qu'il eut demandé un procès en révision, la justice gacaca a décidé de le renvoyer devant une juridiction classique.

Plusieurs rescapés de Butare ont décidé de se constituer parties civiles au prochain procès de l'homme d'affaires devant le tribunal de grande instance de Huye.

Parmi les responsables avec qui Isaac Munyagasheke aurait organisé le génocide, l'acte d'accusation mentionne l'ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine Pauline Nyiramasuhuko, la seule femme détenue par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie. L'ex-ministre attend encore le verdict.

Est également cité parmi les complices présumés de l'accusé, le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi condamné par le TPIR à 15 ans de prison et qui attend l'arrêt de la chambre d'appel vendredi.

Un des fils de Isaac Munyagasheke, Désiré Munyaneza, exilé au Canada, a été jugé dans ce pays et condamné à la prison sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans de réclusion.

SRE-ER/GF

© Agence Hirondelle