30.03.11 - CPI/LUBANGA - LA DEFENSE DE LUBANGA PRESENTE UN PREMIER TEMOIN DE FAITS

La Haye, 30 mars 2011 (FH) - Le procès de Thomas Lubanga devant la Cour pénale internationale (CPI) a repris, mercredi 30 mars, après quatre mois de suspension. Accusé de crimes de guerre pour avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans dans ses troupes, Thomas Lubanga a appelé un premier témoin de faits. Auparavant, la défense de l'ex-chef de l'Union des patriotes congolais (UPC), une milice de l'Ituri, en République démocratique du Congo (RDC), avait appelé plusieurs témoins pour tenter de démontrer que les preuves présentées par le procureur, notamment les témoignages, étaient corrompues.

2 min 28Temps de lecture approximatif

Ancien Secrétaire national chargé de l'Intérieur et des questions coutumières au sein de l'UPC, Bed Ngorkaba Lambi Lonja a raconté l'histoire de la milice. Licencié en Sciences administratives et politiques de l'université de Kisangani, il avait rencontré Thomas Lubanga en 1984, puis l'avait revu en 2000, lors de la création de l'Union des patriotes congolais.

Très loquace, le témoin, qui s'exprimait en français, a estimé que « la création de l'UPC a été motivée par le contexte dans lequel l'Ituri vivait à ce moment là. » L'Ituri est alors « géré par un mouvement rebelles, dénommé le RCD-Kis [Rassemblement congolais pour la démocratie - Kisangani]. Ce mouvement rebelle vient avec un programme: remettre de l'ordre et de la sécurité sur tout le district et assurer le bien être de la population. Mais malheureusement, la population n'a pas trouvé son compte dans la gestion de ce mouvement rebelle. Des citoyens ont donc créé un mouvement politique, l'UPC ». Cependant, « le mariage » entre les deux mouvements ne dure pas. Menacé, Thomas Lubanga espère trouver une entente grâce au voisin ougandais. Mais l'aventure tourne court. En Ouganda, où il est « parti pour une mission de paix, parti pour une mission de conciliation de vues, ce groupe de l'Ituri a été emballé et livré aux autorités du Congo» en juin 2002. Thomas Lubanga est alors extradé à Kinshasa et incarcéré quelques semaines, à la DEMIAP [détection militaire des activités anti-patrie].

En août 2002, l'UPC reprend le contrôle de la province de l'Ituri avec l'aide des Ougandais. En septembre, le mouvement est restructuré. A partir de cette date, « y a-t-il eu des initiatives de l'UPC face à la présence d'individus de moins de 18 ans ? » a demandé Jean-Marie Biju-Duval, l'un des avocats de Thomas Lubanga. « Oui, lorsque l'UPC a pris la charge de gérer l'espace de l'Ituri, après qu'il y a eu cette structuration de l'armée, l'UPC s'est engagée à assainir les troupes. Ca veut dire que plusieurs fois Thomas Lubanga, en qualité de président de l'UPC et en sa qualité de Secrétaire national à la Défense, a pris des décisions pour que soient démobilisés tous ceux qui n'avaient pas l'âge requis. Et l'âge requis pour l'UPC était de 18 ans » a affirmé Bed Ngorkaba Lambi Lonja. Son interrogatoire se poursuivra dans les prochains jours.

Le procès a débuté le 26 janvier 2009. Incarcéré à la prison de Makala, à Kinshasa, depuis le 19 mars 2005, Thomas Lubanga avait été transféré le 17 mars 2006 au siège de la Cour, à La Haye.

SM/GF

© Agence Hirondelle