07.04.11 - CPI/KENYA - TROIS MEMBRES DU MOUVEMENT DEMOCRATIQUE ORANGE COMPARAISSENT DEVANT LA CPI

La Haye, 7 avril 2011 (FH) - Trois suspects de crimes contre l'humanité commis au Kenya suite à l'élection présidentielle de décembre 2007 ont comparu le 7 avril devant la Cour pénale internationale (CPI). L'audience visait essentiellement à les informer des charges portées contre eux.

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Parlementaire sous l'étiquette du Mouvement démocratique orange (ODM) et candidat potentiel à la présidentielle de 2012, William Ruto s'est présenté devant la Cour comme « un homme innocent ». Ministre de l'Enseignement supérieur du gouvernement de coalition formé en 2008 au terme d'un accord qui avait mis fin aux violences dans le pays, William Ruto avait été suspendu de ses fonctions en octobre 2010 pour son implication présumée dans une affaire de corruption. Devant les trois juges, il a estimé: « les allégations portées contre moi ne pourraient être possibles que dans un film ».  A ses côtés, William Kosgey, ancien ministre de l'Industrie, avait démissionné de ses fonctions en janvier, après avoir été cité par le procureur.

Le bras en écharpe suite à un accident, Joshua Sang s'est pour sa part présenté comme « un journaliste innocent ». Producteur à la radio Kass FM, Joshua Sang a estimé que ses droits ont été violés parce que le procureur ne l'a jamais interrogé au cours de son enquête.

Les trois hommes ont, en outre, reproché à la Cour de ne pas avoir transmis les preuves des crimes dont ils sont suspectés. Les juges ont fixé au 1er septembre la tenue des audiences destinées à confirmer, ou non, les charges de crimes contre l'humanité pour meurtres, transfert forcé de population et persécutions, portées à leur encontre. D'ici là, le procureur devra transmettre à la défense les pièces de son dossier. Selon l'une des commissions d'enquêtes établies au Kenya, les violences survenues suite à la réélection contestée de Mwai Kibaki avaient fait 1200 morts et près de 300 000 déplacés.

Au cours d'une conférence de presse improvisée devant la Cour, William Ruto a répondu aux questions des journalistes en chantant l'hymne national Kenyan, soutenu par une trentaine de parlementaires arborant des casquettes aux couleurs du Kenya.

Les trois hommes ont comparu librement, mais la présidente de la chambre, Ekaterina Trendafilova, a rappelé qu'ils pourraient faire l'objet de mandats d'arrêt si des appels à la violence étaient proférés au Kenya. Dans une requête datée du 6 avril, le procureur a demandé aux juges de renforcer les conditions régissant leur libre comparution devant la Cour. Le 8 avril, trois autres suspects, proches du président Mwai Kibaki, comparaîtront à leur tour devant les juges.

Parallèlement à ces deux affaires, Nairobi a déposé une requête, fin mars, demandant aux juges de déférer le dossier kenyan devant ses propres juridictions, au motif que depuis l'adoption d'une nouvelle constitution en août 2010, la justice kényane serait désormais compétente. Cette requête interdit, de fait, toute enquête supplémentaire du procureur avant que les juges n'aient tranché cette question. Ils ont promis, lors de l'audience, de rendre rapidement leur décision.

SM/GF   

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