Kayishema a été condamné pour génocide et purge actuellement une peine de prison à vie au Mali. Il a expliqué à la cour, présidée par la juge Florence Rita Arrey, qu'il avait reçu Ndahimana dans son bureau le 15 avril 1994. Ce dernier, après avoir évoqué la situation des Tutsis réfugiés dans la paroisse de Nyange, avait réclamé des renforts de gendarmes pour les protéger des attaques de miliciens.
"Je n'avais rien à lui donner. Même les trois-quarts des quelques gendarmes de Kibuye avaient été envoyés au front à Kigali. Il (Ndahimana) est reparti frustré et mécontent parce que je n'avais pas accédé à sa requête", a dit Kayishema qui témoignait en français pour la défense.
Il a ajouté qu'il n'avait pas pu suivre ce qui s'était passé par la suite car il n'avait ni véhicules ni essence et que même les communications téléphoniques avaient été coupées.
Lorsque la défense lui a demandé si Ndahimana aurait pu faire quelque chose pour stopper les massacres de l'église, le témoin a répondu sans hésitation: "Il ne pouvait rien faire compte tenu du nombre d'assaillants". Il n'a cependant pas été en mesure de donner un chiffre précis.
Lors de son contre-interrogatoire par le procureur, Holo Makwaia, Kayishema a reconnu avoir reçu une première fois Ndahimana le 11 avril 1994, et lui avoir fourni trois gendarmes pour protéger les réfugiés dans l'église de Nyange.
Le procès continue mercredi.
Ndahimana est inculpé de génocide ou complicité de génocide pour avoir planifié avec d'autres le massacre de Nyange. Dans la même affaire, le prêtre Athanase Seromba et l'homme d'affaires Gaspard Kanyarukiga ont déjà été condamnés.
Ndahimana a été arrêté en RDC le 10 août 2009 et transféré à Arusha le 21 août. Il plaide non coupable.
FK/GF
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