03.05.11 - CPI/KATANGA - UN TEMOIN RACONTE COMMENT KINSHASA A ORGANISE LA REPRISE DE L'ITURI

La Haye, le 3 mai 2011 (FH) - Charif Manda est le troisième témoin détenu à la prison de Makala, à Kinshasa, appelé à déposer devant la Cour pénale internationale (CPI) pour la défense de Germain Katanga. Arrêté en Ouganda en septembre 2010, il était alors l'un des dirigeants du Front populaire pour la justice au Congo (FPJC) qui rassemble les milices encore actives en Ituri.

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Au cours de sa déposition, lundi et mardi, Charif Manda a raconté comment Kinshasa avait, durant l'automne 2002, planifié la reprise de l'Ituri. Le témoin a assisté à plusieurs réunions, pilotées par le colonel Aguru, actuel membre de l'Etat-major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), qui faisait régulièrement le trajet entre Kinshasa et Béni. « A l'occasion de ces réunions, il nous disait qu'on devait récupérer Bunia, combattre l'UPC [Union des patriotes congolais] et les Rwandais. Il disait que si nous reprenions cela, le chef de l'Etat nous donnerait du travail. Ceux qui voudraient aller dans l'armée pourraient aller dans l'armée, ceux qui voulaient faire des études le pourraient. »

Une autre réunion se déroule en présence de Mbusa Nyamwisi, aujourd'hui ministre de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, dont « l'objectif était de reprendre tout l'Ituri (...) C'est là qu'il nous a indiqué que pour continuer la bataille et récupérer toutes les villes, il fallait transformer l'APC et lui donner un autre nom pour continuer la lutte qu'il avait à mener pour récupérer le territoire. » L'APC devient alors la FPRI, Force patriotique de résistance en Ituri, dont Germain Katanga, l'accusé, est l'un des commandants. « C'était pour que Bemba [Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement pour la libération du Congo, milice alors active en Ituri] pense qu'il avait un nouvel ennemi en Ituri », explique le témoin. Mbusa Nyamwisi fait livrer des armes de Kinshasa. Forme les combattants.

Interrogé sur la bataille de Bogoro, le témoin explique, en lingala, que Bogoro n'était pas un objectif stratégique, mais se trouvait sur la route de Bunia. Puis il précise que « les personnes qui devaient se battre à Bogoro étaient celles qui étaient aux alentours. Chacun était appelé à poser la résistance. A Aveba, c'était Germain qui devait préparer les opérations de résistance. » « L'avez-vous jamais entendu être appelé président ? », a demandé l'avocat de l'accusé, David Hooper. « Germain ? Président ? Je connais Germain comme chef d'Etat-major, lors de la création de l'Etat major du FRPI. Et j'ai entendu parler de Germain président par la suite, à travers la radio Okapi, lors de son arrestation. »

Le procès a été suspendu jusqu'à l'audition du prochain témoin de la défense, vendredi. Le procès de Germain Katanga, co-accusé avec Mathieu Ngudjolo, a débuté le 24 novembre 2009.

SM/ER/GF

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