Européennes: Bardella prépare sa contre-attaque après le discours de Macron à la Sorbonne

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Jordan Bardella ne lâche pas d'une semelle Emmanuel Macron: la tête de liste du RN aux européennes va dévoiler son programme pour le scrutin du 9 juin, quelques heures après un discours sur l'Europe du chef de l'Etat au parfum très électoral.

"Notre adversaire dans cette élection européenne, c'est Emmanuel Macron", a affirmé sur France 2 le président du Rassemblement national, qui caracole en tête des sondages avec plus de 30% des voix et qui a donné rendez-vous aux journalistes en fin d'après-midi au siège du parti pour présenter son "projet".

Une manière de tenter de couper l'élan que le chef de l'État entend donner à la liste du camp présidentiel, distancée de dix à quinze points dans les sondages par le parti d'extrême droite et talonnée, dans une récente étude, par la tête de liste PS-Place Publique Raphaël Glucksmann.

"Ce discours est un lancement de campagne", s'insurge M. Bardella, qui accuse le président d'être "le comptable" d'une Europe qui "décroche en termes de croissance, de productivité, d'innovation (...)" et qui enregistre une "explosion" des factures de gaz et d'électricité.

"On a un discours d'Emmanuel Macron qui n'a rien d'innocent en pleine campagne européenne, alors que sa candidate est en train de dévisser", commente à l'AFP l'eurodéputé RN Thierry Mariani.

Dans ces conditions, la tête de liste du RN "va répondre à celui qui est notre adversaire, Emmanuel Macron", a-t-il ajouté, reléguant la tête de liste Renaissance Valérie Hayer au rôle de "supplétif du président".

Dès le lancement de sa campagne le 3 mars à Marseille, Jordan Bardella n'avait cessé de prendre pour cible le président de la République, coupable à ses yeux d'avoir provoqué "le grand effacement de la France".

- "Une part d'hubris" -

Pour l'exécutif, il n'y a aucun doute: la contre-offensive, jeudi, de Jordan Bardella répond à une volonté de "se placer en duel" avec le chef de l'État et de "montrer qu'il est son adversaire" maintenant qu'Emmanuel Macron "prend le lead sur la campagne".

"Comme l'attention médiatique sera concentrée sur le président, il se dit qu'il peut surfer sur la vague et rester dans le jeu médiatique", commente une source gouvernementale, qui perçoit "une part d'hubris" dans l'attitude du président du RN.

"C'est aussi un message à sa base: pendant que Marine Le Pen est moins présente, moi je suis face au président", explique la même source, qui pense que M. Bardella "veut ainsi se mesurer à très gros".

Avec la présentation de son programme, le président du Rassemblement national, qui a évité de croiser le fer lors des deux premiers débats des européennes avec ses adversaires, pourrait aussi tenter d'effacer les récents couacs de la campagne.

Le président du RN a confirmé "la mise en retrait de la liste" de Saidali Boina Hamissi, un Mahorais qui avait tenu "des propos complotistes et racistes", selon Libération. "Je ne partage pas ses propos", a-t-il expliqué.

Par ailleurs, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et l'association d'aide aux migrants Utopia 56 ont porté plainte mardi pour complicité de crimes contre l'humanité et de torture contre Fabrice Leggeri, numéro 3 sur la liste et ancien directeur de Frontex.

Les deux ONG estiment que l'agence de l'UE chargée du contrôle des frontières a joué "un rôle essentiel dans la commission (...) de crimes contre l'humanité" en Méditerranée, "la route migratoire la plus meurtrière au monde" sous la direction de M. Leggeri.

"Il est poursuivi par des associations pro-migrants d'extrême gauche pour avoir fait son travail, c'est-à-dire d'avoir refoulé à la frontière européenne (...) des migrants pour les raccompagner dans leur pays de départ", a réagi Jordan Bardella.

Dans ce contexte, le RN a annoncé l'arrivé d'une nouvelle recrue: l'ancienne magistrate et juge d'instruction Pascale Piera qui a fait son entrée en campagne en dénonçant "un ensauvagement généralisé" dans un entretien à Valeurs actuelles.

Autre sujet délicat pour le RN, son allié encombrant, le parti d'extrême droite allemand AfD, est au coeur d'une nouvelle affaire: l'assistant d'un de ses députés européens a été arrêté pour espionnage au profit de la Chine.