26.05.11 - CPI/RDC - GERMAIN KATANGA « N'AVAIT AUCUN PROBLÈME AVEC LA POPULATION HEMA »

Paris, 26 mai 2011 (FH) - Protégée sous le nom de code D161, une proche de la femme de Germain Katanga dresse depuis mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI) le portrait d'un chef milicien « en harmonie » avec la population civile, qui n'était selon elle qu'un des commandants responsable de cette zone de l'Ituri, à l'Est de la République démocratique du Congo.

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Le témoin de la défense est une amie d'enfance de Denise, la femme de Germain Katanga. Âgée à l'époque d'une quinzaine d'années, la jeune femme le rencontre pour la première fois à Komanda, où elle est scolarisée. Fin septembre 2002, c'est un Katanga devenu commandant militaire qu'elle revoit lorsqu'elle vient habiter Aveba, le village d'où des miliciens Ngiti partiront combattre les Hemas à Bogoro, en février 2003.

Germain Katanga est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis contre la population Hema lors de la bataille de Bogoro. La témoin n'a pas assisté à la bataille. Elle assure toutefois que « Germain Katanga vivait avec la population civile [d'Aveba] avec une grande harmonie. Il ne battait personne, ne confisquait les biens de personne. Il n'avait aucun problème avec la population Hema qui fréquentait Aveba. »

« Ces Hema, précise-t-elle, venaient de Bunia. Ils avaient fui au plus fort des combats entre Lendu et Ngiti. Germain Katanga leur délivrait des feuilles de route pour atteindre la route qui mène au Nord Kivu. Ceux qui le voulaient avaient la totale liberté d'y rester. »

L'accusation soutient qu'à Bogoro des femmes ont été violées et emmenées de force dans des camps militaires. Elles auraient été données comme « épouses » ou gardées dans la prison du camp BCA, « qui n'était qu'un trou creusé dans le sol ». D161 se rendait souvent dans ce camp, dont Katanga était l'un des commandants, soit pour rendre visite à Denise, soit avec sa chorale qui s'y produisait « à des fins d'évangélisation ». La témoin n'a « jamais entendu parler » d'esclavage sexuel à Aveba.

« Quand un avion atterrissait à Aveba avec des armes, Katanga était appelé et les armes étaient emmenées au camp BCA, n'est-ce pas ? » la questionne le procureur Gilles Dutertre, qui tente notamment d'établir que la ville d'Aveba était stratégique dans cette zone de l'Ituri. « Oui, a admis la témoin, mais je n'en connaissais pas la destination finale. Il y avait deux commandants dans ce même camp. »

La fin du contre-interrogatoire du témoin D161, qui a commencé son témoignage mercredi, doit se conclure vendredi matin.

Arrêté au Congo en mars 2005, Germain Katanga est en procès depuis le 24 novembre 2009 devant la CPI, où il est jugé en compagnie d'un second chef milicien originaire d'Ituri, Mathieu Ngudjolo. L'ancien commandant de la Force de résistance patriotique de l'Ituri (FPRI) et le milicien du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI) sont poursuivis pour des crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis à Bogoro, le 24 février 2003.

FP

© Agence Hirondelle