Le directeur du Mémorial de Srebrenica entendu par la police pour "incitation à la haine"

Le directeur du Centre mémorial de Srebrenica, Emir Suljagic, a été interrogé lundi par la police pour "incitation à la haine", en vertu d'une plainte déposée en 2022.

Rendant lui même son audition publique par un message sur les réseaux sociaux, il a accusé le Parquet bosnien de vouloir le "réduire au silence".

Sa convocation arrive quelques jours après l'adoption par l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution créant une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica - fustigée par les dirigeants politiques et religieux en Serbie et dans l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska (RS).

Le 11 juillet 1995, quelques mois avant la fin du conflit intercommunautaire qui faisait rage en Bosnie depuis trois ans, les forces serbes de Bosnie avaient pris la ville de Srebrenica. Ils y exécuteront dans les jours suivants environ 8.000 hommes et adolescents musulmans. Un génocide pour la justice internationale.

La plainte contre M. Suljagic - lui-même un survivant du massacre - a été déposée en juillet 2022 par un responsable politique croate de Bosnie, Slaven Raguz, après ce qu'il a estimé être des menaces voilées contre les Serbes et les Croates de Bosnie.

"Les cimetières sont pleins de gens qui menaçaient la Bosnie de disparition", avait alors écrit M. Suljagic sur X, en parlant des velléités sécessionnistes de la RS et de certains responsables politiques croate.

"Profondément troublé" par l'interrogatoire, M. Suljagic a affirmé sur X que les accusations étaient "infondées", et que le véritable objectif était de "criminaliser la commémoration du génocide à Srebrenica et en Bosnie".

"C'est clair que le bureau du Procureur essaye de réduire au silence ceux d'entre nous qui sont engagés à préserver la mémoire des événements horribles qui se sont déroulés à Srebrenica et dans toute la Bosnie", a-t-il écrit.

Son avocat, Senad Pecanin, a déclaré à la presse que son client avait "refusé de faire une déposition", considérant que "l'ouverture de l'enquête (était) illégale".

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