28.06.11 - FRANCE/RWANDA - DES MILITAIRES FRANÇAIS ACCUSES DE VIOLS AU RWANDA (PLAINTE)

Paris, 28 juin 2011 (FH) - Trois femmes rwandaises ayant porté  plainte pour viol contre des militaires français de l'opération  Turquoise ont décidé mardi de parler devant la presse, alors que  vient d'être reportée leur audition prévue les 28, 29 et 30 juin  devant un juge d'instruction du Tribunal aux armées de Paris.

1 min 58Temps de lecture approximatif

"Tous les militaires savaient ce qui se passait, a témoigné  mardi sur France Inter une des plaignantes désignée sous le  pseudonyme d'Olive. Pour les gens autour de moi, c'est comme une  souillure et maintenant je veux la justice pour retrouver ma dignité."

Les trois plaignantes Tutsi étaient convoquées par le juge  d'instruction Frédéric Digne, pour une audition concernant ces  plaintes contre X déposées en 2009 contre l'armée française. Elles  accusent de viol des soldats de l'opération Turquoise, menée par la  France du 22 juin au 22 août 1994 pour protéger les populations  menacées par les affrontements entre le gouvernement intérimaire et  le Front patriotique rwandais (FPR).

Leurs témoignages avaient été recueillis au Rwanda en 2004 par un  médecin français, Annie Faure, qui travaillait au Rwanda pour l'ONG  Médecins du Monde durant le génocide de 1994, et qui les a portés  devant les tribunaux français. Une instruction a été ouverte le 30  mars 2010 devant le Tribunal aux armées de Paris, pour crimes contre  l'humanité.

"L'audition prévue cette semaine était le premier acte d'instruction  dans ce dossier, précise l'avocate des trois plaignantes, Me Laure  Heinich-Luijer. Le juge Digne a également demandé une expertise  médico-psychologique, qui sera effectuée cette semaine. Le juge  serait arrêté pour trois mois, nous espérons qu'il pourra les  auditionner avant la dissolution du tribunal aux armées, prévue pour  fin décembre."

Créé en 1999 pour statuer sur les infractions commises par des  militaires hors du territoire national, le tribunal aux armées de  Paris est amené à disparaître. Ses dossiers devraient dès lors  rejoindre le pôle judiciaire spécialisé dans les crimes les plus  graves, en voie de constitution au Tribunal de grande instance de Paris.

Les trois rwandaises venues témoigner devant le juge d'instruction  français devront repartir dans leur pays. Contactée par l'agence  Hirondelle, la greffière du juge Digne confirme que ce report est dû  à des "raisons médicales". La date d'une nouvelle convocation n'a pas  été fixée.

FP/ER/GF

© Agence Hirondelle