Vivant depuis plusieurs années à Angoulême sous le nom de son père, Fabien Nsabimana, M. Neretse est âgé de 54 ans d'après sa fiche Interpol, qui indique qu'il est recherché pour génocide et crimes de guerre.
Selon un article publié en 2010 par le quotidien régional La Charente libre, Fabien Neretse était "très investi dans le tissu associatif et social angoumoisin, membre du comité de son quartier". Il venait alors "de rendre un rapport à la préfecture pour prévenir les faits de délinquance à La Grand-Font".
Originaire de Ruhengeri, directeur de l'OCIR-Café - l'office des cafés rwandais - de 1989 à 1991, considéré comme un homme d'influence sous le régime de l'ancien président Habyarimana, Fabien Neretse est accusé, notamment, d'avoir donné "maintes facilités aux [milices] Interahamwe en fournissant les armes, le transport et l'argent pour
rémunérer et encourager les massacres", selon un acte d'accusation émis par Kigali en août 2007, repris par la plainte déposée en France en mai 2008 par le Comité des parties civiles pour le Rwanda.
En Belgique, Fabien Neretse est notamment accusé d'avoir une responsabilité dans l'assassinat de Claire Beckers, une citoyenne belge mariée à un Rwandais, le 9 avril 1994 dans le quartier de Nyamirambo à Kigali. Celle-ci résidait près de la famille Neretse, qui aurait incité des miliciens Interahamwe à les assassiner. Une plainte contre X avait été déposée en juillet 1994 à Bruxelles, par sa soeur Martine Beckers.
Une instruction a été ouverte en 2004 à Bruxelles, actuellement suivie par le juge Jean Coumans. En France, le dossier Neretse est suivi par les juges d'instruction René Cros et Céline Hildenbrandt, qui ont ordonné la commission rogatoire internationale et la perquisition effectuée jeudi au domicile de Fabien Neretse.
Interpellé jeudi par la section de recherche de la gendarmerie des Charentes, qui a été chargée de mettre en oeuvre la commission rogatoire, Fabien Neretse a été entendu par les deux enquêteurs belges puis écroué à la maison d'arrêt de Gradignan, près de Bordeaux.
En Belgique, l'instruction est en cours, mais bien avancée selon une source judiciaire qui précise que l'audition menée à Angoulême pourrait être suivie rapidement d'une demande d'extradition, "à moins que la France ne conserve son dossier, et dans ce cas nous lui transmettrons le nôtre".
Trois procès "rwandais" ont déjà été organisés en Belgique, tandis que la France n'en a pas encore organisé, en dépit des vingt informations judiciaires ouvertes actuellement au Tribunal de grande instance de Paris.
FP/GF
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