Philippines: quatre policiers reconnus coupables d'homicides extrajudiciaires

Une cour de Manille a reconnu mardi quatre policiers coupables d'homicides extrajudiciaires en 2016 dans le cadre d'une opération antidrogue expéditive telles que les avaient multipliées l'ancien président Rodrigo Duterte.

Les quatre accusés ont été condamnés à des peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement pour la mort d'un père et de son fils lors d'un raid à Manille, selon ce jugement, l'un des premiers concernant cette période.

Selon la partie civile, Luis Bonifacio, 45 ans, et son fils Gabriel Domingo, 19 ans, n'avaient rien à voir avec le trafic de drogue et n'avaient pas d'armes quand ils ont été abattus lors du raid, qui avait impliqué plus d'une dizaine de policiers.

La défense a pour sa part affirmé que les policiers avaient agi en état de légitime défense. Ils étaient poursuivis pour simple homicide et non pour meurtre.

Des milliers de personnes ont été tuées dans la guerre contre la drogue qu'avait lancée M. Duterte en 2016. La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur cette campagne, susceptible selon elle de constituer un crime contre l'humanité.

En juin 2020, un rapport du bureau des Droits de l'Homme des Nations unies avait dénoncé le fait que la police avait été encouragée, au plus au haut niveau, à tuer sans autre forme de procès les trafiquants de drogue présumés.

Mi-avril, le président Ferdinand Marcos, qui a succédé à M. Duterte en 2022, avait prévenu qu'il excluait de livrer le cas échéant son prédécesseur à CPI. Les Philippines se sont retirées de cette juridiction en 2019.

Plus de 6.000 personnes ont été tuées lors des opérations antidrogue menées sous Duterte, selon les données officielles publiées par les Philippines. Mais les procureurs de la CPI estiment que le nombre de morts se situe entre 12.000 et 30.000.

Avant ce verdict, seuls cinq autres policiers avaient été condamnés pour homicides extrajudiciaires, dans deux procédures différentes.

Selon des avocats, la plupart des familles hésitent à engager des poursuites, faute de moyens et surtout par peur de représailles.

"J'espère que (les condamnations) vont se poursuivre pour les autres victimes d'homicides extrajudiciaires", a déclaré après l'audience Mary Ann Domingo, la compagne de Luis Bonifacio.

Ce jugement montre qu"il y a encore un justice" s'est-elle félicitée.

Son avocat, Julian Oliva, a toutefois évoqué une "victoire partielle", regrettant que la qualification de meurtre n'ait pas été retenue, et déplorant la persistance d'une culture de "l'impunité" dans le pays.

Les quatre policiers, qui comparaissaient en uniformes, ont également été condamnés à verser 400.000 pesos (6.820 dollars) chacun aux parties civiles.

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