01.09.11 - CPI/RUTO - LE PROCUREUR EVOQUE UN PLAN, LA DEFENSE DES VIOLENCES SPONTANEES

La Haye, 1er septembre 2011 (FH) - Les audiences de confirmation des charges portées à l'encontre de William Ruto, Henry Kosgey et Joshua Sang ont commencé, jeudi 1er septembre, devant la Cour pénale internationale (CPI). Les trois suspects sont poursuivis pour crimes contre l'humanité commis lors des violences qui avaient suivi l'élection présidentielle de décembre 2007. 

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Au cours de ces audiences, le procureur devra prouver la solidité des charges alléguées contre les trois responsables kenyans. Si les juges confirment ces charges, les deux anciens ministres, William Ruto et Henry Kosgey, ainsi que le journaliste Joshua Sang, seront renvoyés en procès.

Selon le procureur, les crimes « étaient le résultat d'un plan », élaboré par William Ruto et Henry Kosgey. « Ce n'était pas des crimes spontanés. Les exécutants n'étaient pas opportunistes. Ils suivaient un plan », a affirmé Luis Moreno Ocampo au cours de l'audience. Les deux principaux suspects voulaient consolider leur pouvoir, créer « une plateforme pour leur carrière politique », a-t-il déclaré, et avaient « planifié et préparé leur plan avant 2007 ».

L'accusation estime également que ce plan prévoyait d'attaquer, dès l'annonce des résultats de l'élection présidentielle du 27 décembre 2007, les supporters du Parti national unifié du président réélu, Mwai Kibaki. « Les cibles étaient identifiées avant les attaques » a affirmé le procureur. « Les exécutants étaient entrainés à l'avance et ont reçu des armes. Certains d'entre eux étaient désignés pour conduire les attaques ». Les exécutants auraient été payés par le chef, William Ruto et le trésorier, Henry Kosgey. Le procureur affirme posséder les preuves de huit réunions au cours desquelles les attaques auraient ainsi été planifiées, bien avant décembre 2007.

C'est une toute autre histoire, qu'a présenté maître Kioko Musau, l'avocat de William Ruto. Selon lui, les violences qui ont suivi l'annonce du résultat de la présidentielle, le 30 décembre 2007, « étaient spontanées ». Les auteurs « doivent être punis », a-t-il affirmé, « mais le processus d'identification des exécutants doit être fait de façon appropriée (...) une enquête professionnelle doit être conduite ». Pour l'avocat, il n'existe pas de preuves indépendantes et les témoins de l'accusation sont anonymes.

Maître Musau a encore affirmé que le procureur ne possédait aucun élément sur le financement des attaques par William Ruto et Henry Kosgey. Il a rappelé que le chef du Mouvement démocratique orange, qui détenait donc les cordons de la bourse, était alors Raila Odinga. Actuel premier ministre du gouvernement d'union, Raila Odinga était alors le candidat d'ODM, principal parti d'opposition, à la présidentielle.

« Ce qui est arrivé en 2007 a été un coup dur pour de nombreux kenyans », a de son coté déclaré William Ruto, « mais un plus gros coup pour moi.» Le député d'Eldoret-Nord, élu depuis 1997, a affirmé que « dans ma circonscription, de nombreuses personnes, qui avaient voté pour moi, qui sont mes supporters, sont mortes » et « je suis ici devant cette Cour à souffrir un autre péril après ce que j'ai déjà enduré ! » s'est-il exclamé.

Son co-accusé, le journaliste Joshua Sang, a affirmé n'avoir jamais participé aux crimes reprochés, dont l'incitation aux violences. Vêtu d'un costume rayé et d'une cravate rouge, il a rappelé qu'il était «un journaliste professionnel». «  Je suis diplômé et je connais l'éthique des médias. Je n'ai jamais pensé une minute à tuer quelqu'un, parce que je respecte l'inviolabilité de la vie ». Joshua Sang a aussi affirmé n'appartenir à aucun parti.

Les audiences doivent se poursuivre jusqu'au 12 septembre.

SM/GF

© Agence Hirondelle