02.09.11 - CPI/RUTO - « 50,000 SHILLINGS KENYANS POUR TUER UN KIKUYU» (ACCUSATION)

La Haye, le 2 septembre 2011 (FH) -  Au deuxième jour des audiences de confirmation des charges, l'accusation a présenté ses éléments de preuve à l'appui des charges portées contre William Ruto, Henry Kosgey et Joshua Sang, poursuivis pour crimes contre l'humanité commis au Kenya entre le 30 décembre 2007 et fin janvier 2008. Selon le procureur, William Ruto et Henry Kosgey avaient mis en place un plan pour renforcer leur pouvoir en expulsant les supporters du Parti national unifié (PNU), principalement des Kikuyus, de la vallée du Rift.

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Pour l'accusation, les membres du « réseau » organisé pour exécuter les crimes ont « utilisé le ressentiment ethnique » existant suite à la redistribution des terres, dans les années 1990. Pour mobiliser leurs troupes, ils auraient payé les attaquants, et promis des terres. « Des témoins ont décrit William Ruto distribuant de l'argent», a affirmé la procureure Cynthia Tai. Citant un rapport de Human Rights Watch, elle a précisé : « un conseiller Kalejin aurait dit que s'il était élu, l'ODM allait éliminer les communautés locales kikuyu. » D'autres témoins auraient affirmé que « les auteurs des crimes recevaient 50 000 shilling kenyans s'ils tuaient un Kikuyu. Ils pouvaient également acquérir un terrain.»

Selon le procureur, cinq cercles composaient ce réseau : politique, financier, médiatique, tribal et militaire. Des sages auraient apporté leur soutien, financé les attaques, cordonné les activités des jeunes. « Certains sages ont béni les jeunes pour les protéger », a affirmé Cynthia Tai, et « un sage a béni Ruto et les autres participants avant une attaque », selon un témoin. Le cercle militaire, placé sous l'autorité de William Ruto, était divisé en trois zones géographiques et assurait le contrôle de coordinateurs locaux. Au sein de ce réseau, les supporters de l'ODM auraient, avant les attaques, identifié les maisons et les commerces des partisans du PNU.

Le procureur a aussi tenté de démontrer le caractère systématique et généralisé des attaques, rappelant plusieurs épisodes de tueries conduites à l'aide de machettes, d'arcs et de flèches, de cocktails molotov. La procureure a aussi évoqué une réunion au cours de laquelle William Ruto aurait notamment dit qu'il n'y avait d'autre alternative que de combattre. « Cette fois-ci, nous allons faucher ces personnes, y compris les femmes », aurait-il dit, selon le témoin numéro 8, dont la déposition a été citée à l'audience par Cynthia Tai.

Selon l'accusation, ce sont les violences enclenchées après la victoire électorale du PNU, à l'encontre des partisans Kikuyu, Kamba et Kisii, qui ont entraîné des représailles contre la communauté Kalenjin, considérée comme soutenant le parti ODM.

SM/GF

© Agence Hirondelle