08.09.11 - CPI/RUTO - FIN DES AUDIENCES, LES JUGES DELIBERENT

La Haye, 8 septembre 2011 (FH) - Les audiences de confirmation des charges dans l'affaire dite « Ruto » ont pris fin, jeudi 8 septembre. William Ruto, Henry Kosgey et Joshua Sang sont suspectés de crimes contre l'humanité commis au Kenya suite à l'élection présidentielle du 27 décembre 2007. Si les juges confirment les charges retenues par le procureur, les trois suspects seront renvoyés en procès.

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Au cours des dix jours d'audience, les avocats des accusés ont dénoncé les faiblesses de l'enquête de l'accusation. En présentant ses conclusions le 8 septembre, la procureure, Cynthia Tai, a rétorqué que l'accusation n'avait pas présenté tous ses éléments de preuve.   

Alors que plusieurs témoins, dont les dépositions écrites ont été présentées aux juges, ont affirmé que Raila Odinga, actuel Premier ministre du Kenya et candidat malheureux de la présidentielle de 2007, était à la tête des attaques perpétrées dans la vallée du Rift, la procureure a maintenu que « le procureur n'avait aucune preuve, pour l'instant, selon lesquelles Odinga était impliqué dans la planification ou la perpétration des crimes. » Pour autant, a-t-elle interrogé, « est-ce que cela exonère monsieur Kosgey ? Nous suggérons que non ».

Lors de cette dernière audience, l'avocat de William Ruto a estimé que les poursuites engagées contre son client visaient «  à le maintenir à l'écart de la présidentielle » prévue en 2012. Maitre Kikio Musau a ensuite rappelé que le procureur avait fait référence à cette échéance dans de nombreuses déclarations. Rappelant l'esprit du Statut de Rome, il a demandé aux juges que la Cour ne devienne « pas un forum pour interférer dans le processus politique et démocratique des Etats membres »

L'avocat a de nouveau dénoncé une enquête « bâclée », reprochant au procureur de ne pas avoir présenté les preuves des transactions bancaires de la Fondation Emo, qui aurait financé les attaques à hauteur de 1,25 millions de shillings kenyans, soit 10 millions d'euros à l'époque. « Le procureur n'est pas allé chercher ces informations, parce qu'en y allant, il aurait détruit sa propre théorie » a-t-il ajouté. Pour maître Kikio Musau, le réseau grâce auxquels les accusés auraient commis leurs crimes « n'existe pas. C'est une création du procureur » qui se base sur des preuves « fabriquées ».

L'avocat d'Henry Kosgey a rappelé la jurisprudence de la Cour. Les juges avaient refusé de confirmer les charges portées contre le rebelle soudanais, Idriss Abou Garda. Dans l'affaire Bemba, la chambre préliminaire avait demandé à l'accusation de revoir sa copie, avant d'accepter finalement de confirmer les charges.

L'avocate des 327 victimes autorisées à être représentées dans la procédure, Susana Chana, a regretté de son côté qu'aucunes poursuites ne soient conduites pour les pillages et les destructions d'habitations.   

Trois autres responsables kényans, Uhuru Kenyatta, Francis Muthaura et Hussein Ali, comparaîtront devant la chambre préliminaire à partir du 21 septembre.

SM/GF

© Agence Hirondelle