Le corps de la militante américano-turque Aysenur Ezgi Eygi, tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée, est arrivé vendredi matin en Turquie où des funérailles seront célébrées samedi, dans le berceau familial de Didim (sud-ouest).
La dépouille de la jeune femme a été accueillie sur l'aéroport d'Istanbul par le gouverneur d'Istanbul qui a présidé une brève cérémonie avec des représentants du parti islamo-conservateur au pouvoir AKP, selon le compte X du gouvernorat.
Elle devait être acheminée vers Izmir (ouest), la troisième ville du pays.
Le père de Mme Eygi, Mehmet Suat Eygi, 60 ans, venu des Etats-Unis où il réside, a confirmé jeudi soir qu'elle serait inhumée samedi dans la petite station balnéaire de Didim, sur la côte égéenne, à 160 km au sud d'Izmir.
"Aysenur était une personne très spéciale. Elle était sensible aux droits humains, à la nature, à tout", a-t-il souligné.
M. Eygi s'est félicité de la décision des autorités turques d'ouvrir une enquête sur "cet assassinat arbitraire" ainsi que l'a annoncé le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç.
"J'ai appris que notre Etat poursuit cet assassinat arbitraire en ouvrant une enquête. Je m'en réjouis. J'attends la même chose du gouvernement américain, car Aysenur n'avait que 10 mois lorsqu'elle est arrivée aux Etats-Unis" a-t-il fait valoir.
Outre les parents de la jeune femme de 26 ans, son compagnon est également présent à Didim où résident toujours son grand-père et au moins un oncle.
La rue qui abrite la maison de la famille a été préventivement barrée jeudi par la police et une tente dressée pour recevoir les condoléances, a constaté l'AFP. Au cimetière, la tombe a déjà été creusée.
De nombreuses personnes sont attendues, selon l'oncle de la jeune femme, Ali Tikkim, dont des représentants religieux ainsi que de la grande ONG islamique turque IHH, qui appelle par ailleurs à un rassemblement vendredi dans le quartier conservateur de Fatih, à Istanbul, à l'issue de la grande prière.
- "Prière funéraire" -
Une association étudiante de la province d'Aydin, où est située Didim, appelle également à une "prière funéraire" samedi en début d'après-midi.
La Turquie a dénoncé avec force la mort d'Aysenur Ezgi Eygi, tuée le 6 septembre par des tirs israéliens lors d'une manifestation à Beita, près de Naplouse.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays fera tout "pour que la mort d'Aysenur Ezgi ne reste pas impunie".
Le parquet général d'Ankara a ouvert une enquête sur sa mort.
"Nous continuerons à défendre les droits d'Aysenur. Nous ne pouvions pas rester silencieux alors que notre concitoyenne a été illégalement martyrisée par des assaillants israéliens", a affirmé le ministre de la Justice.
La Turquie envisage d'émettre des mandats d'arrêts internationaux selon les résultats de l'enquête, a-t-il précisé.
Le ministre a également appelé le rapporteur spécial de l'ONu sur les exécutions extrajudiciaires et arbitraires à créer une commission d'enquête indépendante et à rédiger un rapport à ce sujet.
"Nous poursuivrons ensuite notre travail pour transmettre ce rapport (du procureur d'Ankara, ndlr) au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, afin de l'inclure dans la procédure pour génocide contre Israël en cours devant la Cour internationale de justice et dans l'enquête en cours devant la Cour pénale internationale", a-t-il ajouté.
L'armée israélienne a estimé mardi "très probable" que des tirs provenant de ses hommes aient tué "indirectement et involontairement" la jeune femme.
Le président américain Joe Biden qui avait évoqué la veille un "accident" s'est dit mercredi "indigné et profondément attristé" par cette mort et a appelé Israël à "en faire plus" pour qu'un tel drame ne se répète pas.