Les Philippines ont affirmé lundi ne pas avoir abandonné un récif en mer de Chine méridionale, après le retrait d'un de leurs navires qui y était stationné dans une zone maritime dont Pékin et Manille se disputent la souveraineté.
"Nous n'avons rien perdu. Nous n'avons rien abandonné. Le haut-fond Escoda fait partie de notre zone économique exclusive (ZEE)", a déclaré lors d'une conférence de presse le porte-parole des garde-côtes philippins, Jay Tarriela.
Il a assuré qu'il y aura une "présence" sur le "haut-fond Escoda", aussi connu sous le nom de récif de Sabina, après le retrait annoncé dimanche d'un navire philippin qui y était stationné depuis avril.
"Nous ne faisons que repositionner notre navire" et "cela ne signifie pas que les vaisseaux des garde-côtes ne seront plus déployés" à cet endroit, a indiqué M. Tarriela.
Invoquant la sécurité des opérations, il n'a pas souhaité livrer plus d'informations.
A Washington, le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, a dit que "les revendications maritimes de Pékin en mer de Chine méridionale ne reposent sur aucune base légale", dénonçant son comportement "dangereux" qui "met en danger la vie et les moyens de subsistance des Philippins".
"Nous continuons à soutenir nos alliés philippins", a-t-il dit.
Le BRP Teresa Magbanua mouillait dans les eaux autour de l'atoll pour remplir des "fonctions de sentinelle", selon le Conseil maritime national des Philippines, dans l'objectif d'appuyer les revendications de Manille face à Pékin et empêcher la Chine d'en prendre le contrôle.
Le mois dernier, des bateaux chinois ont bloqué une mission de ravitaillement à destination des marins philippins à bord du navire, provoquant de graves pénuries de nourriture et d'autres denrées.
Pékin "exerce une souveraineté indiscutable sur (...) Xianbin Jiao et ses eaux adjacentes", avait réagi dans un communiqué dimanche le porte-parole des garde-côtes chinois, Liu Dejun, en utilisant le nom chinois du récif.
Des navires chinois et philippins sont entrés en collision à deux reprises le mois dernier près du récif de Sabina, situé à 140 km à l'ouest de l'île philippine de Palawan et à environ 1.200 km de l'île de Hainan, terre chinoise la plus proche.
M. Tarriela a assuré lundi que le retrait du bateau philippin n'était "pas une défaite", rejetant les comparaisons avec le récif de Scarborough, que Manille a perdu au profit de Pékin après un affrontement similaire de plusieurs mois en 2012.
"Les garde-côtes (philippins) sont en position de faire tout ce qu'il faut pour s'assurer que la Chine ne soit pas en mesure d'occuper et même de récupérer le haut-fond d'Escoda", a-t-il déclaré.
"Nous avons d'autres navires de garde-côtes qui, à l'heure où nous parlons, se sont peut-être rendus ou sont peut-être déjà en train de se rendre sur le haut-fond d'Escoda", a-t-il précisé sans donner de détails, indiquant des raisons de sécurité.
De nombreux accrochages ont eu lieu ces derniers mois entre Pékin et Manille, qui se disputent la souveraineté de plusieurs récifs et ilots inhabités en mer de Chine méridionale.
La Chine revendique, au nom de raisons historiques, sa souveraineté sur la quasi-totalité des îlots de la mer de Chine méridionale, ignorant une décision de justice internationale selon laquelle ses prétentions ne reposent sur aucune base juridique.
Depuis l'arrivée au pouvoir en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, Manille affirme également plus fermement ses prétentions de souveraineté sur certains récifs disputés.