Les avis sont partagés quant à la responsabilité des uns et des autres, en particulier concernant Uhuru Kenyatta, fils du père de l'indépendance et candidat à l'élection présidentielle de 2012.
« C'est une instrumentalisation politique [de la justice]. Quelqu'un ne veut pas qu'il se présente, ce qui sera le cas si les accusations sont confirmées », commente Philip Mwangi, un chauffeur de taxi de la capitale.
Hôtelier à Nairobi, Jackson Kalulu est d'accord : « Tout cela fait partie de la guerre de succession au Kenya ». « Je sais qu'il y a des gens derrière tout ça ».
Institutrice, Margaret Otondi a un avis différent : « Des gens sont morts donc des gens doivent être punis », estime-t-elle. « Mais j'espère que le procureur de la CPI a suffisamment de preuves pour organiser un procès, sinon il serait injuste d'accuser faussement des gens ».
Intervenant dans une émission télévisée sur K24, une chaîne qui appartient en partie à Uhuru Kenyatta, le respecté politologue Mutahi Ngunyi a émis des doutes sur le fait que les trois hommes puissent bénéficier d'une justice équitable à La Haye. « Je peux vous assurer qu'ils auraient été jugés avec équité au Kenya, grâce au nouveau chef de la Cour suprême Willy Mutunga », a-t-il affirmé.
Les hommes politiques se sont également invités dans le débat. « Certaines personnes dans les capitales occidentales sont jalouses des résultats du président Kibaki parce que 95% du budget national s'auto-finance. C'est pour cela qu'ils ont conspiré pour éliminer un homme aussi valable que Uhuru », a expliqué le ministre de l'Environnement John Michuki lors d'un rassemblement religieux dans l'est du Kenya.
La société civile qui s'était fait entendre avec force sur la question du programme de protection des témoins est pour sa part muette, attendant l'issue des audiences. Ce silence s'explique essentiellement par le fait que personne ne sait qui sont les témoins du procureur de la CPI.
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