21.09.11 - CPI/MBARUSHIMANA - LES VICTIMES DES FDLR « VIVENT TOUJOURS DANS LA PEUR »

La Haye, 21 septembre 2011 (FH) - Les victimes autorisées à participer aux audiences de confirmation des charges dans l'affaire Callixte Mbarushimana vivent toujours dans la peur, selon Maître Ghislain Mabanga qui représente la plupart d'entre elles.

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Secrétaire exécutif des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le suspect est poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 2009 dans les deux Kivus, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), par des combattants de son mouvement.

« Les victimes m'ont demandé de les aider à participer à l'affaire pour faire entendre leur voix. Cela fait plus de dix ans qu'elles vivent dans la peur. Ces victimes veulent exprimer leurs angoisses et leurs craintes devant la Cour pénale internationale » a indiqué Me Mabanga, dans un entretien avec l'agence Hirondelle.

Inscrit au barreau de Paris, l'avocat congolais représente 93 des 130 victimes autorisées à participer aux audiences de confirmation des charges portées contre l'informaticien rwandais.

Pour le procureur, le suspect était chargé de la propagande de son organisation dans le cadre d'un plan destiné à s'emparer du pouvoir à Kigali.

Par peur de représailles, les victimes de ces exactions des FDLR, restent pour la plupart anonymes.

« Ce système est d'abord fait pour les protéger. Elles ont peur des FDLR. Les FDLR agissent toujours et les troupes congolaises ne contrôlent pas cette partie du pays. Si ces victimes devaient se manifester publiquement, les représailles seraient immédiates », explique Me Mabanga.

« Pendant que leur chef est arrêté ici, les FDLR continuent à commettre impunément des exactions », poursuit l'avocat qui envisage, cependant, de citer comme témoins certaines de ces victimes si la chambre décide de confirmer les charges et de renvoyer Mbarushimana en procès.

Abordant le dossier en soi, Me Mabanga le trouve solide. « J'ai eu à prendre connaissance des éléments de preuves qui ont été produits par l'accusation. Ce sont des éléments sérieux. La tactique des FDLR consistait à nier systématiquement les crimes qu'ils ont eux-mêmes organisés », affirme l'avocat. Le dossier repose essentiellement sur des communiqués de presse diffusés par le suspect et des entretiens accordés aux médias.

Pour l'avocat congolais, « la responsabilité pénale de Monsieur Mbarushimana ne fait pas l'ombre d'un doute ». « Callixte Mbarushimana était dans les plus hautes sphères du pouvoir des FDLR. Ce n'était pas un maillon faible de la chaîne. C'est quelqu'un qui avait le pouvoir et qui en a usé. Il a une grande responsabilité dans ce qui est arrivé à mes clients », assène Me Mabanga.

Le président des FDLR, Ignace Murwanashyaka et son adjoint Straton Musoni, sont poursuivis pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre devant un tribunal de Stuttgart en Allemagne tandis que le chef militaire de l'organisation, le général Sylvestre Mudacumura, continue de planifier les opérations de ses hommes.

SM-ER/GF

© Agence Hirondelle