Un tribunal du Bangladesh a interdit jeudi la diffusion de "discours haineux" prononcés par l'ex-Première ministre autocrate Sheikh Hasina qui a été inculpé en novembre pour le meurtre de manifestants lors du mouvement de contestation qui a conduit à sa chute.
Le Tribunal pénal international (TPI) du Bangladesh enquête sur Mme Hasina dans le cadre de "meurtre de masse", entre autres, commis au cours des semaines de violentes manifestations qui ont contraint Mme Hasina a fuir début août pour l'Inde.
"Sheikh Hasina est accusée dans plusieurs affaires qui font actuellement l'objet d'une enquête par le tribunal", a déclaré à la presse le procureur Golam Monawar Hossain Tamim.
"Nous avons demandé l'interdiction de la diffusion de ses discours haineux car ils pourraient entraver les procédures judiciaires ou intimider les témoins et les victimes", a-t-il ajouté, confirmant que le TPI avait accepté de promulguer l'interdiction.
"Si ses discours continuent de circuler, il sera difficile de faire comparaître des témoins devant le tribunal".
Il est trop tôt pour savoir quelle autorité déterminera quels discours de Mme Hasina sont considérés comme haineux et la manière dont l'ordonnance sera appliquée.
Cette ordonnance intervient quelques jours après que Mme Hasina s'est adressée par liaison vidéo à des partisans réunis à New York, accusant le dirigeant intérimaire du Bangladesh, Muhummad Yunus, de "meurtre de masse".
Des centaines de personnes ont été tuées dans les semaines qui ont précédé l'éviction de Mme Hasina, la plupart par des tirs de la police.
Des dizaines d'autres sont mortes dans les heures qui ont suivi sa chute, principalement lors d'assassinats en représailles contre d'éminents partisans de son parti, la Ligue Awami.
Le TCI a été créé en 1972, sous l'autorité de Mme Hasina, d'abord pour juger les crimes commis lors de la guerre d'indépendance de 1971. Au cours des années suivantes, il a condamné à mort de nombreux opposants politiques de premier plan.
Mais il a rapidement été considéré comme un moyen pour la Première ministre d'écarter des opposants politiques, et les Nations unies ont critiqué à de nombreuses reprises les manquements dans le procès et la condamnation à mort de plusieurs leaders politiques islamistes dans la dernière décennie.
Le gouvernement intérimaire dirigé par M. Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix 2006, a promis de faire pression pour que Mme Hasina soit extradée de l'Inde afin d'être jugée par le tribunal.

