Guerres civiles au Liberia: des ONG appellent à renouveler le bureau chargé de mettre en place un tribunal

Plusieurs ONG ont pressé lundi le président du Liberia Joseph Boakai à renouveler le bureau chargé de mettre en place un tribunal pour juger les crimes lors des guerres civiles et que les victimes réclament depuis la fin des atrocités il y a plus de vingt ans.

Environ 250.000 personnes ont perdu la vie lors des deux guerres civiles qui ont déchiré ce pays ouest-africain anglophone entre 1989 et 2003.

Malgré les pressions de la société civile et de la communauté internationale, le Liberia n'a encore tenu aucun procès sur cette période marquée par une litanie d'exactions imputables à toutes les parties: massacres de civils, actes de cannibalisme, tortures, viols, mutilations, enrôlement d'enfants soldats.

Début mai 2024, le président Boakai a signé un décret établissant un office chargé de créer le futur tribunal, une décision qui a été saluée comme une avancée majeure dans la quête de justice contre ces crimes.

Le décret doit expirer le 1er mai, selon sept organisations de défense des droits humains et des victimes de crimes. Elles ont appelé lundi au renouvellement du mandat du bureau, dans un communiqué commun transmis à l'AFP par une ONG aidant les victimes de crimes de guerre, Civitas Maxima, un des signataires.

M. Boakai doit "respecter son engagement en faveur de la justice et des droits de l'homme en renouvelant un décret essentiel à la création" du tribunal, ont-elles dit, soulignant que les progrès restent jusque-là "limités".

"La quête du Liberia pour permettre aux victimes des atrocités de la guerre civile de tourner la page et pour garantir leur accès à la justice reste une priorité majeure", a déclaré Adama Dempster, un responsable de la société civile pour les droits humains au Liberia, cité dans le document.

Avant l'arrivée au pouvoir en janvier du président Boakai, les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009, dont la mise en place d'un tribunal pour crimes de guerre, sont largement restées lettre morte. Elles étaient notamment bloquées par la résistance de certains des chefs de guerre incriminés étant restés influents dans leur communauté.

Des condamnations ont toutefois été prononcées par des tribunaux étrangers. L'ex-commandant rebelle Kunti Kamara a été condamné en appel le 27 mars 2024 par la justice française, au nom du principe de la compétence universelle, à trente ans de réclusion criminelle pour actes de barbarie et complicité de crimes contre l'humanité pendant la première guerre civile.

Les guerres civiles ont mis à genoux le pays, l'un des plus pauvres de la planète, ravagé une dizaine d'années plus tard par l'épidémie d'Ebola.

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