Un tribunal kosovar a lundi émis un mandat d'arrêt à l'encontre de l'homme politique et homme d'affaires serbe Milan Radoicic et 19 de ses associés, soupçonnés de crimes de guerre contre des civils d'origine albanaise pendant la guerre au Kosovo à la fin des années 1990.
La guerre sanglante qui a opposé à la fin des années 1990 la guérilla kosovare et l'armée serbe fut la dernière de l'éclatement de la Yougoslavie.
Elle a fait environ 13.000 morts, des Kosovars albanais pour la plupart, et n'a pris fin qu'après une campagne de frappes aériennes de l'Otan, au printemps 1999, qui a contraint les forces serbes à arrêter les combats.
Homme fort des zones serbes du nord du Kosovo, Milan Radoicic est pour la première fois officiellement associé à des crimes commis pendant la guerre.
Selon le mandat d'arrêt publié par des médias kosovars, M. Radoicic et ses complices présumés auraient fait partie d'un groupe armé responsable de la mort de 106 civils en mai 1999 dans la ville de Gjakova.
Ce groupe, toujours selon le mandat d'arrêt, "a fait sortir par la force toutes les personnes de leurs maisons... puis abattu au total 106 civils de nationalité albanaise".
Les corps des victimes ont été retrouvés dans des fosses communes en Serbie.
La justice kosovare est par ailleurs à la recherche de Radoicic depuis septembre 2023 pour son rôle supposé dans la mort ce mois-là d'un policier kosovar et d'une fusillade dans un monastère.
L'homme politique qui a longtemps régné en maître sur les zones majoritairement serbes de la partie nord du Kosovo a reconnu avoir été à la tête du commando responsable de cette attaque. Il a fui le jour même en Serbie, où il vit depuis.
Ancienne province serbe à majorité albanaise, le Kosovo a proclamé en 2008 son indépendance, jamais reconnue par Belgrade.
Les nombreuses tentatives de médiation ou de normalisation sous égide internationale n'ont jamais abouti, et les tensions se ravivent régulièrement.