Elections de mi-mandat décisives aux Philippines pour Sara Duterte

Des élections de mi-mandat ont lieu aux Philippines lundi, un scrutin décisif pour la vice-présidente Sara Duterte, qui fait l'objet d'une procédure de destitution.

Les Philippins doivent élire la moitié des sénateurs, ainsi que des milliers de fonctionnaires locaux, mais c'est la rivalité entre la vice-présidente et le président Ferdinand Marcos qui domine la scène politique.

Le fossé entre les deux anciens alliés s'est creusé depuis que la Chambre basse a voté la destitution de la vice-présidente en février et l'arrestation de son père, l'ancien président Rodrigo Duterte, qui a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre des accusations liées à la guerre meurtrière contre la drogue qu'il menait pendant son mandat.

Les 12 sénateurs élus lundi seront jurés dans le cadre d'un procès en destitution - provisoirement prévu pour juillet - qui pourrait l'empêcher définitivement d'exercer une fonction publique.

Sept des 12 candidats favoris des sondages sont soutenus par M. Marcos, tandis que quatre d'entre eux, dont la soeur du président, Imee Marcos, se sont publiquement ralliés à Mme Duterte.

La menace qui pèse sur les Duterte est existentielle, explique à l'AFP Cleve Arguelles, président-directeur général de WR Numero Research, un centre de recherche sur l'opinion publique.

"Si (Rodrigo Duterte) est écarté du pouvoir, si Sara est écartée de la fonction publique, il n'est pas interdit d'imaginer que cela pourrait également menacer leur contrôle de Davao", a-t-il déclaré, faisant référence à la capitale de Mindanao, le bastion méridional de la famille.

- Popularité en baisse -

Toutefois les malheurs des Duterte n'ont pas vraiment aidé à faire remonter la popularité du président Marcos.

Une enquête publiée le mois dernier a montré une chute spectaculaire de sa cote de popularité, qui est passée de près de 50% à 25% en l'espace de trois mois à peine.

"Les élections de mi-mandat servent de référendum pour le président en exercice." explique Dennis Coronacion, du département de sciences politiques de l'université de Santo Tomas à Manille.

Une tentative de mettre au centre de la campagne les affrontements entre le pays et Pékin en mer de Chine méridionale, a notamment été largement rejetée par les électeurs.

Si les sondages montrent que les Philippins sont globalement hostiles à la Chine sur cette question, celle-ci arrive loin derrière les sujets tels que l'inflation et l'emploi, argumente encore Cleve Arguelles.

- Le spectre de la violence -

Lundi à Manille, nombreux seront ceux qui déposeront leur bulletin dans des centres commerciaux climatisés.

Plus de 160.000 membres de la police nationale ont été déployés à travers l'archipel pour sécuriser les bureaux de vote, escorter le personnel électoral et surveiller les points de contrôle dans un pays où les postes provinciaux très disputés sont connus pour leur violence.

Mais le spectre de la violence s'amplifie à mesure que l'on s'éloigne de la capitale.

En 2022, peu après l'ouverture du scrutin présidentiel, trois agents de sécurité ont été abattus dans un bureau de vote de la région musulmane autonome de Mindanao, dans l'extrême sud du pays.

Quelques heures auparavant, neuf personnes avaient été blessées dans une attaque à la grenade.

Cette année, la Commission électorale (Comelec) a pris la mesure de démettre temporairement de leurs fonctions des hauts responsables de la police dans deux municipalités du sud, les accusant de "négligence grave" après qu'ils aient omis d'assurer la sécurité d'un fonctionnaire électoral qui a été assassiné par la suite.

Qu'importe le résultat de ces élections, l'influence de M. Marcos va sans aucun doute décroître dans les trois prochaines années a indiqué Alicor Panao, un professeur associé au département de sciences politiques de l'université des Philippines.

"Le capital politique du président diminue au cours de la seconde moitié de son mandat, quoi qu'il arrive, parce qu'il ne peut plus rien promettre", a-t-il déclaré.

"Les sénateurs et les fonctionnaires locaux commenceront à se préparer pour la prochaine élection présidentielle".

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