L'Afrique du Sud rouvre l'enquête sur les meurtres de quatre militants anti-apartheid

Un tribunal sud-africain a rouvert lundi une enquête sur l'un des drames les plus tristement célèbres de l'époque de l'apartheid, les meurtres il y a 40 ans de quatre militants anti-apartheid par une unité spéciale de la police.

Personne n'a encore été traduit en justice pour ces meurtres connus sous le nom de "meurtres de Cradock", et leurs familles accusent le gouvernement post-apartheid d'avoir volontairement empêché l'affaire d'aller devant les tribunaux.

En 1985, les enseignants Fort Calata, Matthew Goniwe, Sicelo Mhlauli et l'ouvrier ferroviaire Sparrow Mkonto avaient été enlevés puis tués alors qu'ils rentraient chez eux après une réunion politique, dans la ville de Cradock, au sud du pays.

"Après 40 ans, les familles attendent toujours justice et vérité", a déclaré à la cour l'avocat Howard Varney, représentant les proches des quatre hommes, dans sa déclaration d'ouverture.

"Nous avons l'intention de démontrer que la mort des quatre de Cradock est le fruit d'une décision calculée et préméditée du régime de l'apartheid, prise au plus haut niveau du système de sécurité de l'État", a poursuivi Varney devant le tribunal dans la ville de Gqeberha, dans la province du Cap-Oriental.

La commission Vérité et réconciliation, chargée de faire la lumière sur les crimes politiques commis sous l'apartheid, avait refusé l'amnistie à six hommes impliqués dans les "meurtres de Cradock".

Ce refus les exposait à des poursuites, mais les autorités post-apartheid n'ont pris aucune mesure en ce sens, a souligné l'avocat.

Si cela pourrait s'expliquer par un "mélange toxique d'inaction, d'indifférence, d'incapacité ou d'incompétence", mais les familles estiment aussi que "des forces politiques sont intervenues pour empêcher les procédures d'avancer", a-t-il ajouté.

"Cette enquête est probablement la toute dernière chance pour les familles d'obtenir une forme de vérité. Elles ne méritent rien de moins qu'un examen complet et honnête du passé", a affirmé l'avocat.

Il s'agit de la troisième enquête ouverte sur les "meurtres de Cradock", survenus au plus fort de la répression exercée par le régime de la minorité blanche contre les militants anti-apartheid.

Des accusations de retards délibérés dans les poursuites liées aux crimes de l'époque de l'apartheid ont conduit le président Cyril Ramaphosa à mettre en place une commission judiciaire en avril.

En janvier, 25 familles de victimes et de survivants de crimes commis sous l'apartheid, dont celles des "meurtres de Cradock", ont annoncé qu'elles poursuivaient l'État en justice pour son "échec manifeste" à enquêter et poursuivre les responsables.

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