Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a demandé au Sri Lanka, mardi à Colombo, de poursuivre les responsables des crimes commis durant la longue guerre civile qui a ensanglanté le pays.
Lors d'un débat public dans la capitale, M. Türk a déclaré que le gouvernement devait s'attaquer à l'impunité des crimes commis durant la guerre qui opposé les forces gouvernementales aux rebelles séparatistes, les Tigres tamouls, jusqu'en 2009.
L'ONU estime que 40.000 civils tamouls ont été tués par l'armée lors des derniers mois de l'offensive finale contre les Tigres.
Les gouvernements sri-lankais qui se sont succédé ont tous rejeté les demandes d'enquêtes internationales indépendantes sur les graves violations des droits humains, et plusieurs massacres de civils restent impunis.
Pour Volker Türk, le Sri Lanka, qui émerge tout juste d'une grave crise économique en 2022, se trouve désormais pris "au piège de l'impunité".
"Il est crucial de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves", a-t-il insisté.
Et d'ajouter: "C'est indispensable pour rendre justice, pour prévenir de nouveaux crimes, pour les victimes qui ont subi des pertes et des souffrances inimaginables, et pour construire l'avenir."
Le Sri Lanka "se remet de décennies de divisions et de violences, tout en faisant face à une grave crise économique", a-t-il ajouté, en référence à la crise financière de 2022 qui a entraîné la chute du président d'alors, Gotabaya Rajapaksa.
M. Türk a exhorté le Sri Lanka à mettre fin aux "accès de violence", à oeuvrer pour une compréhension commune des événements et à garantir que justice soit rendue.
Il effectue une visite de trois jours au Sri Lanka, où il doit rencontrer le président Anura Kumara Dissanayake et plusieurs ministres.
Après avoir accepté en 2015 devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU de traiter la question sensible des crimes de guerre, les gouvernements sri-lankais successifs ont fait marche arrière.
Le gouvernement de gauche de M. Dissanayake, élu en septembre avec le soutien massif de la minorité tamoule, n'a toujours pas tenu ses promesses de poursuivre les responsables de crimes de guerre.
Son gouvernement a critiqué en mars la Grande-Bretagne pour avoir sanctionné trois hauts gradés de l'armée à la retraite et un ancien chef militaire des rebelles tamouls pour violations des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires et des violences sexuelles.
L'ONU estime qu'au moins 100.000 personnes ont péri pendant la guerre civile entre 1972 et 2009.
Les combats ont pris fin lorsque l'armée a lancé une offensive sans merci qui a anéanti la direction rebelle en mai 2009.conflit