Les Brics vont exprimer leurs "graves préoccupations" face aux droits de douane "unilatéraux", lors de leur sommet qui débute dimanche à Rio de Janeiro, sans citer toutefois le président américain Donald Trump, selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP.
Sous les auspices du président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, les dirigeants du groupe de 11 grands pays émergents (dont Brésil, Chine, Inde, Russie et Afrique du Sud) tiennent leur sommet annuel dimanche et lundi à Rio.
La guerre commerciale lancée par le président américain depuis son retour à la Maison Blanche s'impose dans les débats du groupe, qui représente près de la moitié de la population mondiale et 40% du PIB de la planète.
"Nous exprimons de graves préoccupations face à l'augmentation des mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce et ne sont pas conformes aux règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)", indique ce texte sur lequel se sont accordés les négociateurs samedi, et auquel l'AFP a eu accès.
Selon le document, qui pourra encore être amendé par les dirigeants en sommet, de telles mesures douanières "menacent de réduire davantage le commerce mondial" et pourraient "affecter les perspectives de développement économique dans le monde".
Si Donald Trump n'est pas nommé, les pays émergents visent ainsi clairement la politique du président américain et sa rafale de droits de douane punitifs.
Ce dernier a dit vendredi avoir signé des lettres adressées aux partenaires commerciaux des Etats-Unis concernant l'application de surtaxes douanières par Washington, dont "probablement douze" seront envoyées lundi.
Prenant le contre-pied, Lula s'est fait samedi le chantre du multilatéralisme: "Face à la résurgence du protectionnisme, il appartient aux nations émergentes de défendre le régime commercial multilatéral et de réformer l'architecture financière internationale".
- "Même langage" sur l'Iran -
Le président chinois Xi Jinping sera pour la première fois absent du sommet des Brics, dont son pays est pourtant la puissance dominante. Le président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre présumé en Ukraine, sera lui aussi absent. Mais il s'exprimera par visioconférence, selon le Kremlin.
Les négociateurs sont aussi parvenus samedi à un consensus sur la façon d'évoquer l'escalade militaire au Moyen-Orient, sujet qui divisait les délégations, d'après une autre source impliquée dans les discussions.
L'Iran, au sortir d'une guerre de douze jours avec Israël et les Etats-Unis, souhaitait que les Brics durcissent le ton dans le communiqué final.
Mais le document doit conserver "le même langage" qu'une déclaration publiée fin juin à ce sujet par le groupe, selon cette source.
Les pays émergents avaient alors condamné les "attaques militaires" contre l'Iran - mais sans citer Israël et les Etats-Unis - et jugé "urgent de rompre le cycle de la violence et de rétablir la paix".
Le président iranien Massoud Pezeshkian ne participera pas au sommet. Il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui est arrivé samedi à Rio, a indiqué un porte-parole du ministère sur le réseau social X.
Créé dans le but de rééquilibrer l'ordre mondial au bénéfice du "Sud global" face à l'Occident, le groupe des Brics s'est élargi ces deux dernières années avec l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Ethiopie, l'Iran puis l'Indonésie.
Le Brésil, qui accueillera en novembre la COP30, la conférence climat de l'ONU, dans la ville amazonienne de Belem, espère par ailleurs qu'un consensus sera trouvé sur la lutte contre le changement climatique.
En plus de la déclaration finale espérée, doivent en effet être publiés des textes sur le climat, mais aussi sur l'intelligence artificielle et la coopération sanitaire.