Cambodge: trois sites du génocide des Khmers rouges au patrimoine mondial

Des sites de mémoire du génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge, dont l'ex-prison S-21 où le régime a pratiqué la torture entre 1975 et 1979, ont été inscrits vendredi sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Trois lieux sont désormais classés: S-21, qui abrite aujourd'hui le musée Tuol Sleng, le plus grand consacré aux atrocités commises sous Pol Pot, le mémorial de Choeung Ek, surnommé "les champs de la mort", et l'ancienne prison M-13.

Les deux premiers sont situés à Phnom Penh, et le troisième dans la province de Kampong Chhnang, au nord-ouest de la capitale.

"L'inscription sur la liste du patrimoine mondial des sites mémoriaux cambodgiens, passant de centres de répression à des lieux de paix et de réflexion, n'est pas seulement une reconnaissance d'un site, mais aussi d'une histoire douloureuse et surtout de l'extraordinaire résilience des peuples cambodgiens", a déclaré le Premier ministre Hun Manet lors d'une vidéo enregistrée retransmise à la télévision publique TVK.

"C'est le paysage de notre mémoire partagée", a pour sa part déclaré à l'AFP Youk Chhang, un survivant du génocide et le directeur du Centre de documentation sur le Kampuchéa démocratique, DC-CAM, qui mène des recherches sur les atrocités des Khmers rouges. "Cela va permettre de rendre l'enseignement de l'histoire des Khmers rouges plus efficace et plus pertinent".

Le Cambodge comptait jusque là quatre sites inscrits au patrimoine mondial, tous vieux de plusieurs siècles, dont les célèbres temples d'Angkor.

Dirigé par Pol Pot, mort en 1998 sans avoir été jugé, le régime marxiste totalitaire a tenté d'imposer une nouvelle société agraire, sans monnaie, médecine et éducation.

Deux millions de personnes, soit un quart de la population de l'époque, sont mortes d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions.

Plus de 15.000 hommes, femmes et enfants ont été détenus à Tuol Sleng, une ancienne école transformée en prison par les Khmers rouges. Très peu ont survécu.

Une grande majorité des pièces ouvertes aux visiteurs aujourd'hui sont restées dans l'état dans lequel les soldats de Pol Pot les ont laissées, à leur chute en janvier 1979.

Des travaux d'exhumation au début des années 1980 ont permis de découvrir les ossements de plus de 6.000 personnes dispersés dans une centaine de fosses communes à Choeung Ek. Le site abrite aujourd'hui une stupa bouddhique exposant des milliers de crânes.

Un tribunal spécial parrainé par les Nations unies a condamné trois dignitaires Khmers rouges, dont l'ancien tortionnaire en chef de S-21, "Douch".

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