CPI: deux condamnés pour crimes de guerre en République centrafricaine

La Cour pénale internationale a condamné jeudi un ancien haut responsable du football centrafricain et un milicien surnommé Rambo pour de multiples crimes de guerre commis pendant la guerre civile qui a ravagé le pays en 2013 et 2014.

L'ancien ministre des Sports Patrice-Edouard Ngaïssona était l'un des principaux dirigeants de milices à majorité chrétienne lorsque le pays a sombré dans la guerre civile, tandis qu'Alfred Yekatom, ancien député, les commandait sur le terrain.

La CPI a condamné M. Yekatom à 15 ans de prison pour 20 faits de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, dont des meurtres et des actes de torture.

M. Ngaïssona a lui été condamné à 12 ans de prison pour 28 chefs d'accusation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Leur milice, connue sous le nom d'anti-balaka ou "anti-machette", a été formée en tant que groupe d'autodéfense après qu'une coalition de rebelles principalement musulmans, appelée la Séléka, a pris d'assaut la capitale Bangui et renversé le président de l'époque, François Bozizé, un chrétien.

Le juge principal de l'affaire, Bertram Schmitt, a lu les détails des violences commises par la milice contre des musulmans soupçonnés d'appartenir à la Séléka.

Les hommes de M. Yekatom ont torturé un suspect en lui coupant les doigts, les orteils et une oreille. Le corps de cet homme n'a jamais été retrouvé. D'autres hommes ont été tués puis mutilés.

M. Yekatom a écouté impassiblement le juge lire le verdict. M. Ngaïssona a quant à lui fait un signe de tête en direction du juge lorsque sa sentence a été prononcée.

Le tribunal a déclaré M. Yekatom non coupable d'avoir recruté des enfants soldats et a acquitté M. Ngaissona de l'accusation de viol.

Les deux hommes avaient plaidé non coupables de toutes les accusations.

M. Yekatom a été extradé vers La Haye fin 2018, après avoir été arrêté en République centrafricaine pour avoir tiré avec son arme à feu au parlement.

M. Ngaïssona a été arrêté en France en décembre 2018 et extradé vers La Haye.

A l'époque, il était président de la fédération centrafricaine de football et membre du conseil d'administration de la Confédération africaine de football (CAF).

Le bureau du procureur de la CPI a estimé que le jugement "fait valoir" les droits fondamentaux des victimes et "met l'accent" sur l'importance de la distinction entre civils et combattants dans les conflits armés.

"Le jugement rendu aujourd'hui est une reconnaissance importante du préjudice et des souffrances considérables subis par les victimes et les communautés concernées en République centrafricaine", a déclaré le procureur adjoint, Mame Mandiaye Niang, dans un communiqué.

"Cette condamnation est un message fort de la CPI: les personnes responsables de crimes d'atrocité en vertu du Statut de Rome seront traduites en justice et devront rendre compte de leurs actes", a-t-il ajouté.

La République centrafricaine est l'un des pays les plus pauvres du monde et a connu une succession de guerres civiles et de gouvernements autoritaires depuis son indépendance de l'empire colonial français en 1960.

Si la violence s'est apaisée ces dernières années, des combats éclatent parfois dans des régions isolées entre les rebelles et l'armée nationale, soutenue par des mercenaires russes et des troupes rwandaises.

Créée en 2002, la CPI est le seul tribunal indépendant au monde capable de poursuivre les individus accusés des crimes les plus graves.

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