L'ex-président de la RDC Joseph Kabila, qui avait appelé à mettre fin à la "dictature" du régime actuel en République démocratique du Congo, est appelé à comparaître vendredi devant la justice militaire congolaise, où il est notamment poursuivi pour "crime contre la paix".
Joseph Kabila est poursuivi pour "participation à un mouvement insurrectionnel, crime contre la paix et la sécurité de l'humanité, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture et déportation, occupation à force ouverte de la ville de Goma" dans l'est congolais, selon l'acte annonçant l'ouverture de son procès.
Il a dirigé la RDC de 2001 à 2019 et est resté très discret après son départ du pouvoir. La coalition politique qu'il formait avec son successeur Félix Tshisekedi avait éclaté au bout de deux ans.
Dans une rare allocution transmise en ligne le 23 mai, l'ancien dirigeant avait dénoncé la "dictature" du gouvernement de Kinshasa, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, et annoncé qu'il serait "dans les prochains jours" à Goma.
M. Kabila bénéficiait de cette immunité en tant qu'ancien président de la République et sénateur à vie.
En avril, l'ex-ministre de la Justice Constant Mutamba avait saisi la justice militaire afin d'engager des poursuites contre M. Kabila "pour sa participation directe" au M23. Le procureur général de l'armée congolaise avait alors déposé une requête auprès du Sénat réclamant la levée de l'immunité de l'ancien chef de l'Etat.
Lors d'une séance publique, les sénateurs s'étaient prononcés à bulletins secrets, par 88 voix pour et 5 voix contre, sur la levée de l'immunité de M. Kabila et l'autorisation de poursuites contre ce dernier devant la justice militaire.
Dans son discours en ligne, l'homme politique de 54 ans avait également dénoncé les "décisions" arbitraires du régime et fustigé une justice n'étant plus selon lui "qu'un instrument d'oppression d'une dictature qui tente désespérément de survivre".
- Aucune alliance formelle -
Opposant déclaré à l'actuel chef de l'Etat Félix Tshisekedi, Joseph Kabila, qui avait quitté le pays fin 2023, a regagné au courant de mois de mai Goma, grande ville de l'est du pays, contrôlée par le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda et des milices congolaises.
L'Est congolais, région riche en ressources naturelles frontalière du Rwanda, est déchiré par des conflits depuis 30 ans.
Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le 19 juillet au Qatar, le M23 et le gouvernement de Kinshasa ont signé une déclaration de principes pour un "cessez-le-feu" permanent dans cette partie du pays.
Mais jeudi, au moins onze personnes ont été tuées dans des combats entre le M23, soutenu par le Rwanda, et des milices pro-Kinshasa dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, selon de sources locales.
L'accord signé à Doha a été salué par la communauté internationale comme une "avancée" vers un accord de paix global dans l'est de la RDC. De précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été violés ces dernières années.
Le Rwanda nie soutenir militairement le M23 qui a repris dans ces opérations dans l'est de la RDC, mais début juillet, des experts de l'ONU ont pointé le "rôle déterminant" joué par son armée dans l'offensive du M23 de janvier et février.
Selon un proche de M. Kabila à l'AFP, aucune alliance formelle n'a été conclue entre l'ancien président Kabila et le M23, mais ils partagent un "même objectif" : mettre fin au régime de Félix Tshisekedi.