Les journalistes "ne doivent jamais être ciblés en temps de guerre", a déclaré lundi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au lendemain de la mort de cinq employés de la chaîne qatarie Al Jazeera et d'un pigiste palestinien dans une frappe israélienne à Gaza.
"Les journalistes sont des civils" et les cibler en temps de guerre "est un crime de guerre", a déclaré à l'AFP Jodie Ginsberg, la directrice de cette ONG.
L'une des victimes, Anas al-Sharif, reporter d'Al Jazeera, qu'Israël a dit avoir ciblé en le qualifiant de "terroriste", était une figure des correspondants couvrant au quotidien le conflit à Gaza.
À la suite de premières publications en ligne du porte-parole militaire israélien en langue arabe Avichay Adraee accusant déjà M. Sharif d'être un combattant actif du Hamas, le CPJ avait appelé en juillet à sa protection, dénonçant une "habitude" d'Israël de qualifier ainsi les journalistes "sans fournir de preuves crédibles".
L'armée israélienne a porté à plusieurs reprises des accusations similaires contre d'autres journalistes palestiniens à Gaza plus tôt dans la guerre, y compris d'autres correspondants d'Al Jazeera.
Selon des journalistes locaux qui le connaissaient, Anas al-Sharif avait travaillé au début de sa carrière avec un bureau de communication du Hamas, où son rôle était de promouvoir les événements organisés par le groupe islamiste, qui exerce un contrôle total sur Gaza depuis 2006.
"Le droit international est clair", a cependant souligné Mme Ginsberg: "seuls les combattants actifs sont des cibles justifiées dans un contexte de guerre. Donc à moins que l'armée israélienne puisse démontrer qu'Anas al-Sharif était encore un combattant actif, il n'y a aucune justification à son assassinat".
L'armée israélienne affirme qu'il "était le chef d'une cellule terroriste au sein de l'organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d'attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes" israéliennes.
Elle a publié sur ses réseaux sociaux un selfie d'Anas al-Sharif, posant avec les chefs du Hamas, ainsi qu'un tableau montrant supposément des noms de membres du mouvement islamiste palestinien, où le nom du journaliste émarge avec un salaire correspondant pour les années 2013 et 2017.